Holbein le Jeune

L'ŒIL

Le 1 juin 2000 - 237 mots

C’est un pari quelque peu risqué que de livrer une réflexion de niveau scientifique à une édition d’art internationale à large diffusion. L’intention est excellente : Jeanette Zwingenberger, historienne de l’art, résume dans ce livre le fruit d’une recherche universitaire centrée sur la peinture la plus célèbre de Holbein, Les Ambassadeurs.

Une analyse théorique subtile et fort bien documentée explore les enjeux iconographiques et formels du tableau, pour faire peu à peu de celui-ci le sésame de l’œuvre entier de l’artiste. Image du corps mortel, soumis au temps, la peinture de Holbein emprunte aux écrits d’Erasme de Rotterdam la symbolique du crâne comme pierre d’achoppement (la fameuse anamorphose du premier plan des Ambassadeurs), autant que l’expression d’une distance critique vis-à-vis de l’image picturale elle-même, miroir illusoire tendu au monde. L’auteur illustre dès lors de manière très convaincante, via un large éventail de sources littéraires et de parallèles iconographiques, une rhétorique de la Vanité dans laquelle l’art est directement concerné. L’intérêt certain du texte contraste néanmoins avec des normes éditoriales douteuses, consistant par exemple à jaunir le fond des gravures, à recadrer à l’envie des reproductions de faible qualité, et sans doute à imposer des titres de chapitres peu heureux, tels « Holbein, peintre intellectuel », qui semblent trahir la nature du décalage entre le contenu et la forme.

Jeanette Zwingenberger, Holbein le Jeune, l’Ombre de la mort, éd. Parkstone, 175 p., ill. coul., 199 F, ISBN 1-85995-487-1.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°517 du 1 juin 2000, avec le titre suivant : Holbein le Jeune

Tous les articles dans Médias

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque