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Histoires de chefs-d’œuvre

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 28 juin 2021 - 345 mots

Raconter l’histoire d’un tableau en mêlant récit romanesque et enquête historique, c’est la promesse de la nouvelle collection « Le roman d’un chef-d’œuvre », lancée par la jeune maison d’édition Les Ateliers Henry Dougier.

En couverture, un tableau : l’ Olympia de Manet, Le Baiser de Klimt ou Cape Cod Evening d’EdwardHopper. Une fois le livre ouvert, chaque tableau raconte son histoire… interprétée par un écrivain. Répétitif ? Au contraire. Aucun des trois premiers romans de la nouvelle collection ne ressemble à l’autre. Ainsi, le romancier Alain Le Ninèze fait revivre la naissance de l’ Olympiaà travers le récit plein de vie de celle qui en fut le modèle, Victorine Meurent. Cette jeune femme, que l’on reconnaît aussi dans le Déjeuner sur l’herbe, pose pour le peintre entre 1862 et 1873. Avec légèreté, on l’imagine évoluant dans l’atelier de Manet, on entend la déclaration d’amour enflammée du peintre, on la suit au Salon des refusés où l’on croise Baudelaire… C’est aussi une femme, Jo, l’épouse d’Edward Hopper, qui prend la parole sous la plume de Catherine Guennec pour raconter l’histoire du couple de Cape Cod Evening . Mais, cette fois, le ton est mélancolique ; il est à l’image des « heures suspendues » des tableaux peuplés de « fantômes esseulés » de Hopper, et du couple silencieux que forment Ed et Jo. Combien différent semble celui de Gustav Klimt et Emilie Flöge, paré de l’éclat de l’or ! C’est l’esprit de l’artiste lui-même – non de sa femme –, son souffle, son geste créateur que tente de pénétrer Alain Vircondelet. Avis aux assoiffés d’absolu ! Quel mystère a donc voulu nous donner à contempler Klimt dans son chef-d’œuvre, Le Baiser, dont l’or semble devenu le véritable sujet ? C’est ce que recherche avec intelligence et sensibilité l’écrivain, féru d’histoire de l’art. D’un livre à l’autre, le lecteur de cette collection s’amuse, rêve ou philosophe. Et attend avec impatience les prochains voyages qui, dès le mois de septembre, nous plongeront dans le naufrage de la Méduse de Géricault, les champs de blé de Van Gogh et le Christ jaune de Gauguin.

Alain Le Ninèze, La Femme moderne selon Manet,
Les Ateliers Henry Dougier, 128 p., 12,90 €.
Catherine Guennec, Les Heures suspendues selon Hopper,
Les Ateliers Henry Dougier, 128 p., 12,90 €.
Alain Vircondelet, De l’or dans la nuit de Vienne selon Klimt,
Les Ateliers Henry Dougier, 128 p., 12,90 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°745 du 1 juillet 2021, avec le titre suivant : Histoires de chefs-d’œuvre

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