Figures de la pesanteur

L'ŒIL

Le 1 juillet 1998 - 225 mots

Dans une étude concentrée sur la célèbre toile de Fragonard, Les Hasards heureux de l’escarpolette, conservée à la Wallace Collection de Londres, Etienne Jollet montre comment la traduction du mouvement en peinture, à l’heure des découvertes de Newton, intègre et rejette simultanément l’idée de pesanteur. Le tableau, à première vue une simple image représentative des plaisirs galants de la balançoire au XVIIIe siècle, est, en effet, régi par d’étranges contradictions, résumées dans « l’antinomie de la pesanteur ». L’auteur dépasse donc la stricte analyse iconographique d’une scène
de genre. Pour lui, Fragonard met justement en question la catégorie de la peinture de genre, notamment par l’infiltration de formules autres où joue l’apesanteur : les jeux de l’arabesque décorative, les libertés des dieux de la peinture d’histoire.
De plus, si les motifs affectés par la pesanteur sont porteurs de sens symboliques, faut-il encore parler de scène de genre ? Au-delà de l’œuvre de Fragonard, intervient le problème de la définition du style, car la pesanteur s’interpose dans l’opposition apparente entre rococo et néoclassicisme. Enfin, l’ouvrage souligne l’importance du rôle du spectateur. Cerner l’intervention de la pesanteur dans la peinture, ou plutôt de ses effets, implique une relation de « connivence ».

Etienne Jollet, Figures de la pesanteur. Fragonard, Newton et les plaisirs de l’escarpolette, éditions Jacqueline Chambon, 176 p., 17 ill. dont 8 couleurs, 145 F.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : Figures de la pesanteur

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