Avec les comédiens du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, Julien Gosselin revisite l’œuvre protéiforme de Marguerite Duras.
Théâtre - Le projet est pharaonique et le résultat à la hauteur de l’attente. Habitué des adaptations ambitieuses de romans-fleuves (Les Particules élémentaires de Michel Houellebecq, 2666 de Roberto Bolano…), Julien Gosselin (nouveau directeur de L’Odéon-Théâtre de l’Europe) aime se confronter à des monuments de la littérature pour les porter à la scène dans des scénographies sophistiquées où le cinéma s’immisce. Avec Musée Duras, il dirige les élèves de la promotion 2025 du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris dans une succession de modules scéniques qui revisitent, en patchwork, l’œuvre de Marguerite Duras. Ainsi, on navigue à vue dans des textes plus ou moins connus de l’autrice qui a placé le geste d’écriture dans toute son étendue au cœur de son existence. Romans, articles, pièces de théâtre, scénarios de film, l’éventail est aussi large que l’expérimentation stylistique est cruciale. Et Julien Gosselin de s’emparer de cette matière énorme et protéiforme pour la révéler avec une évidence confondante dans toutes ses aspérités et résonances. De Savannah Bayà L’Amante anglaise en passant par Hiroshima mon amour, La Maladie de la mort ou La Douleur, l’ensemble dure 10 heures et révèle des interprètes d’une admirable maturité autant qu’une mise en scène d’une maîtrise exceptionnelle. Les performances répondent à chaque fois à un dispositif différent sur une base de bi-frontalité. Elles peuvent se voir séparément, mais vivre la totalité offre une immersion passionnante dans les obsessions d’une écriture qui traque sans relâche les amours impossibles, l’attente qui rend fou, le désir comme impasse, la sexualité et la mort. Une expérience hypnotique où le temps se confond avec le rythme des phrases, le souffle des comédiens et la musique, puissante et tellurique, qui dynamite le silence. L’audace est maximale et la traversée, une déflagration.
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Duras en immersion
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°788 du 1 septembre 2025, avec le titre suivant : Duras en immersion





