Livre

Deux livres pour comprendre le marché de l’art

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 25 avril 2019 - 394 mots

Deux spécialistes du marché de l’art, Nathalie Obadia et Frédéric Elkaïm, apportent chacun dans un livre un éclairage bienvenu sur les rouages de l’art contemporain.

Si les deux essais n’apportent pas de réflexions nouvelles sur le marché de l’art, ils ont le mérite d’offrir une synthèse claire et didactique sur son fonctionnement. Géopolitique de l’art contemporain, de Nathalie Obadia, part d’une interrogation : les États-Unis, et plus largement l’Occident, dominent-ils toujours l’art contemporain ? Pour le savoir, l’auteure analyse l’évolution des rôles des principaux acteurs du marché, notamment des plus grands marchands, collectionneurs et maisons de ventes dans un contexte géopolitique mondialisé. Sa conclusion est sans appel : y compris face au Vieux Continent, qui pourtant bénéficie de précieux atouts comme son maillage de foires d’art contemporain (Art Basel, la Fiac…), « l’Amérique reste le gagnant incontesté ». L’approche de Frédéric Elkaïm est différente : offrir un guide à l’usage des collectionneurs pour déjouer les pièges des marchands avides et éviter les effets de mode. Savez-vous parler l’art contemporain? propose ainsi des « conseils pour les débutants » comme de savoir « comment acheter pour commencer ». Dommage que ces conseils aux néophytes ne soient pas toujours accompagnés d’informations factuelles ou chiffrées pour les contextualiser. À l’ambition différente, ces deux ouvrages se rejoignent tout de même sur certains points, tel le manque de puissance des artistes français, qui « souffrent toujours d’une image négative à l’international » (Elkaïm), ou le spectacle des prix records. Obadia s’attarde sur les achats aux montants faramineux de certains collectionneurs, comme ceux de l’Américain Steven Cohen également mentionné par Elkaïm, qui, faisant référence aux sculptures de Koons, écrit d’un ton moqueur : « La rose pour [François] Pinault ; la bleue pour [Eli] Broad ; la jaune pour [Steven] Cohen. » Car, pour certains, souligne Obadia qui cite Baudrillard, « ce qui est le plus important, ce n’est pas l’achat mais la dépense ». Ces deux ouvrages se complètent donc. Nathalie Obadia maintient un ton sérieux, voire académique, en finissant par une bibliographie de référence. Elkaïm, lui, s’inscrit dans un registre plus ironique, concluant notamment son propos par un glossaire des expressions du milieu de l’art, à l’instar d’« acheter avec ses oreilles », qui signifie : « Se dit d’acheteurs pressés et désireux de faire une “bonne affaire” plutôt que de s’intéresser au travail des artistes. On écoute le buzz, on suit la dernière tendance et on risque fort de se planter ! »

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Deux livres pour comprendre le marché de l’art

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