Conjuguer le jeu en photo

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 octobre 2015 - 238 mots

Spécial photo - Auteur de nombreux ouvrages et de nombreuses expositions sur l’histoire des photographies, Clément Chéroux opère cette fois la synthèse de ses recherches sur la photographie vernaculaire d’une part (dont il s’est fait un spécialiste) et la photographie artistique d’autre part (autrement dit le pan « avant-gardiste » du médium photographique). Avant l’avant-garde raconte en effet l’histoire du jeu en photographie : les détournements, les collages, les surimpressions, les déformations dans un miroir… qui ont fait qu’après avoir d’abord été une découverte scientifique, l’image fixe est devenue un loisir pratiqué – partagé – par des millions d’amateurs, parmi lesquels des artistes. Dès la fin du XIXe siècle, à un moment où l’on vante la simplicité de l’acte photographique comme « un jeu d’enfant », on parle déjà de « récréations photographiques ». Après une passionnante introduction placée sous l’autorité de Foucault, dans laquelle Clément Chéroux définit les principes formels de l’image amateur et refuse de voir dans la photographie récréative les prémices des recherches avant-gardistes, notamment de Dada et du surréalisme, l’historien et conservateur au Centre Pompidou étudie les conditions de sa diffusion dans le cinéma naissant, les fêtes foraines, les cartes postales et les magazines illustrés. Dans la troisième et dernière partie, l’auteur s’intéresse cette fois aux hérauts de l’art photographique : Man Ray, Blumenfeld, Florence Henri, Raoul Ubac, Victor Brauner et même Henri Cartier-Bresson, qui, tous, « relèvent d’un tout autre régime iconographique ».

Clément Chéroux, Avant l’avant-garde. Du jeu en photographie, 1890-1940, Textuel, 288 p., 300 photos, 69 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°684 du 1 novembre 2015, avec le titre suivant : Conjuguer le jeu en photo

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