Livre

Littérature

Chaque trace imprimée d’une histoire

Par James Benoit · L'ŒIL

Le 28 mars 2022 - 383 mots

Au cœur de chaque vie palpite un récit. C’est là toute l’essence qui l’émeut, qui la met en mouvement.

Ce récit se raconte dans tout acte qui la compose, dans une manière unique et essentielle de lire le monde, de s’y tenir, d’y exister. Au cœur de tout artiste, il y a une quête. Une quête d’histoire. C’est elle qui s’exprime dans l’élan de création qui lie une œuvre à une autre. Elle y imprime son souffle, son rythme, son énergie. Est-ce le cheminement vers un but, le défrichement d’un idéal, un retour à sa source, le déroulement d’un fil de pensée ou du cours du temps, d’un objet A, d’un objet B ? Un déplacement se matérialise. Une chose se transforme, et son histoire prend forme. Tout récit est un déplacement, un voyage du lecteur qui, de mot en mot, voit émerger des métaphores. Elles se cristallisent en images à son esprit. Et l’histoire tisse sa trame en chemin, d’une métaphore à l’autre, de la manière singulière dont une image se rattache à une autre. De ce déplacement, de ce voyage, Georges Peignard est un conteur en silence. Il montre des histoires au travers de ses œuvres. Son vocabulaire graphique se révèle avant tout scénique et sculptural, tout d’abord par son travail d’installations et de mises en scène : arpenteurs de notre spectacle et en l’absence d’un langage pour le dire, nous voyageons dans sa narration, visuelle et sensitive. Plus loin, nous pouvons reconnaître cette démarche singulière dans ses ouvrages publiés. Il y renverse l’ordre de l’écriture. Ce sont les cadres d’images qui se suivent, toutes à leur puissance évocatrice baignée de silence. Et dans l’espace nu entre deux tableaux, il y a le temps vide qui s’impose. Il y naît une tension, une direction, qui se remplit de métaphore. Elle rend lisible l’image pour l’œil, le lien pour l’esprit, et se colonise comme en écho d’une parole intérieure, d’un quelque chose à s’en dire, en somme, d’une lecture. Les œuvres de Peignard se lisent en images et s’illustrent de propos. En chemin pour nous les raconter, nous les habillons de notre regard, nous les habitons de notre histoire, d’une manière unique et essentielle. Et c’est là toute l’essence qui les met en mouvement. Au cœur de chaque récit palpite notre vie.

Georges Peignard, « Fugitive, »
roman graphique, Le Tripode, 128 p., 25 €.
Georges Peignard, « East End, là où vers l’Est finit la ville, »
récit graphique en ligne sur eastend-peignard.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Chaque trace imprimée d’une histoire

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