Bande dessinée

Bacon, un roman graphique qui laisse sur sa faim

Par Martin Franzon · L'ŒIL

Le 29 octobre 2019 - 304 mots

Profitant de l’exposition « Bacon en toutes lettres » au Centre Pompidou, jusqu’au 20 janvier 2020, les Éditions du Chêne éditent un roman graphique signé Cristina Portolano sur la vie du peintre : Francis Bacon.

La violence d’une rose. Un album qui, en dépit de qualités certaines, ne parvient malheureusement pas à convaincre. Le livre suit le destin de l’artiste tourmenté en quête de reconnaissance, de son enfance marquée par la guerre d’Irlande à sa mort dans une clinique, où il trouvera, entouré de religieuses, une forme d’absolution. L’ennui, c’est que l’auteure veut trop en dire dans un nombre de pages par définition limité. Certes, les anecdotes rapportées sont intéressantes, mais la première partie, trop rapide, ne prend pas le temps d’installer les personnages. Il en résulte la sensation de suivre davantage une succession d’anecdotes qu’une véritable histoire. Or l’enjeu d’une biographie ne se situe-t-il pas dans l’équilibre ténu à atteindre entre la réalité et le récit ? Dans le cas de Francis Bacon. La violence d’une rose, c’est la caractérisation des personnages qui pèche. Ces derniers y sont trop rapidement esquissés, si bien qu’il devient difficile de saisir leur caractère et leurinfluence sur le parcours du peintre. Un autre défaut provient du recours à un narrateur omniscient qui éloigne un peu plus encore le lecteur de l’histoire. Là où, à l’instar de Basquiat. L’enfant rayonnant de Paolo Parisi, autre roman graphique récemment paru aux éditions du Chêne, un narrateur subjectif aurait pu compenser les défauts inhérents aux ellipses, en remettant du sens et un ressenti émotionnel dans une succession fragmentaire d’événements. Après tout, qui mieux que Francis Bacon pouvait raconter la vie de Francis Bacon ? C’est dommage, car le livre de Cristina Portolano est pavé de bonnes intentions. Le dessin est travaillé et l’œuvre est une porte d’entrée ludique dans la vie du peintre.

Cristina Portolano,
Francis Bacon. La violence d’une rose,
Éditions du Chêne, 128 p., 19,90 €.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°728 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Bacon, un roman graphique qui laisse sur sa faim

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