46 St Paul Gallery propose une programmation axée sur les mouvements artistiques du XXe siècle.
Provence-Alpes-Côte d’Azur. Saint-Paul-de-Vence et sa voisine, Vence, entretiennent une histoire longue et presque d’amour depuis les années 1950 avec l’art moderne et les galeries d’art. En 1965, les époux Aimé et Marguerite Maeght inaugurent leur fondation dédiée à l’art moderne en dehors du village. Dans les années soixante-dix, en contrebas de celle-ci, le galeriste, Alexandre de la Salle, multiplie les expositions d’art contemporain (1974-1999), défendant aussi bien l’École de Nice, Supports/Surfaces qu’Erik Dietman et Aurélie Nemours, et en 1975 Catherine Issert crée avec son mari la galerie Issert-Mailliard (*). Dans les années 1990, le Belge, Guy Pieters, prend le relais d’Alexandre de la Salle. Les visiteurs découvrent des expositions du sulfureux Wim Delvoy, créateur de Cloaca. Parmi les dernières venues, la galerie Podgorny, ouverte par Jason Robinson en 2022 autour d’artistes tels que Bernard Bezzina et Arik Levy, fait face à la légendaire Colombe d’Or. La même année, Hubert Bonnet installe une antenne de sa Fondation Cab dans l’espace laissé par Guy Peters, qui avait fait le choix de la station balnéaire de Knokke-Heist au détriment du village perché de Saint-Paul.
C’est justement l’ancienne directrice de la Fondation Cab, Annabelle Audren, qui ajoute une nouvelle page à cette longue histoire des galeries saint-pauloises en créant une galerie d’art contemporain dans le vieux village – la 46 St Paul Gallery. Jeu de mots entre Saint-Paul et le St pour « street » en anglais, Gallery et non galerie.
Cette galerie vise une clientèle internationale qui, du printemps à l’automne, sillonne les rues et les remparts du village. Une clientèle souvent fortunée, majoritairement américaine, mais pas uniquement. De nombreux citoyens belges – en particulier flamands – tout aussi aisés ont rejoint le village et ses environs, installés dans des résidences prestigieuses.
La galeriste présente plusieurs générations d’artistes, venant de différents horizons : Alice Malingre, récemment diplômée de la Villa Arson, Kahina Loumi, issue des Beaux-Arts de Quimper, et Olivia Cognet qui a fait un passage éclair aux Beaux-Arts de Nice avant de rejoindre le studio de Jean-Charles de Castelbajac et de s’initier ensuite à la céramique à Los Angeles. Soo Kyoung Lee, native de Corée du Sud (née en 1969), Rashid Al Khalifa (né en 1952 au Bahreïn) et Jean-Paul Agosti (né en 1948 à Paris) sont les trois aînés de l’écurie.
L’espace de 100 m² ouvert sur la mer et les oliviers, crée un dialogue entre les œuvres et le paysage azuréen. Tel était l’enjeu de l’exposition inaugurale, « Color, Surface and Light », dont le titre joue encore sur les mots, et renvoie aux grands mouvements artistiques « Color Field », « Supports/Surfaces » et « Light and Space ». Étaient présentées des peintures de Kahina Loumi évoquant les aplats colorés d’Henri Matisse, celles d’Alice Malingre réalisées sur toile libre, teinte puis tendue sur châssis, ainsi que les compositions de Rashid Al Khalifa et Soo Kyoung Lee, les peintures les plus colorées, les plus abstraites aussi – l’un et l’autre jouent avec la couleur et les plants, faisant ainsi aussi bien écho à Paul Cézanne qu’à Elsworth Kelly.

L’exposition d’été « Mediums Transfert: a story from Painting to Photography », visible jusqu’au 19 juillet, est quant à elle consacrée au médium photographique à travers le prisme du paysage. Elle met en lumière les différentes façons de créer un paysage, entre l’hyper réalisme pictural de Jean-Paul Agosti (l’aquarelle est annoncée à 49 500 euros), les compositions photographiques d’Amélie Chassary (née en 1980) – qui frôlent avec la nature morte, et le travail quasi pictural en photographie d’Eleonora Strano (née en 1980).
Soit dans sa représentation naturaliste, soit en composant avec des éléments naturels, réorganisés pour tenter peut-être de mieux la révéler (Chassary) ou encore avec Eleonora Paciullo (née en 1993), en renouant avec les origines de la photographie par l’intermédiaire de cyanotypes sur verre (500 euros, pièce unique), ici l’exploration du paysage est volontiers plus urbaine.
Les deux révélations de cette exposition sont d’une part l’artiste anglaise Beck Marshall (née en 1977) qui renoue avec la grande tradition anglaise du paysage en photographie (Photosynthesis IV, proposée à 2 700 euros) et l’artiste d’origine italienne Eleonora Strano qui questionne le médium photo dans sa dimension matérielle en créant des images abstraites mais sensibles (Solastalgia Polaroids, 2024) évoquant à leur manière le milieu naturel.
(*) Contrairement à ce qui a été publié dans le JdA n°658, Catherine Issert n’a pas ouvert sa galerie sous le nom Galerie Issert-Ferrero mais Galerie Issert-Mailliard. La galerie fête ses 50 ans cette année
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Une nouvelle galerie à Saint-Paul-de-Vence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°658 du 20 juin 2025, avec le titre suivant : Une nouvelle galerie à Saint-Paul-de-Vence






