Suisse - Ventes aux enchères

Une Date painting aux enchères à Bâle

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 21 mai 2025 - 371 mots

À l’occasion de sa vente annuelle d’art moderne et contemporain, qui se déroule en parallèle d’Art Basel, Artcurial Beurret Bailly Widmer vend le 25 juin Dec.13.1990, d’On Kawara, issue de sa série « Today ».

Figure majeure de l’art conceptuel

L’œuvre d’On Kawara (1933-2014) se situe à l’intersection des grands courants artistiques contemporains de la seconde moitié du XXe siècle. En tant que l’un des principaux représentants de l’art conceptuel – mouvement qui émerge à New York au cours des années 1960 –, l’artiste japonais utilise des moyens empruntés au minimalisme. Par la précision rigoureuse et la suresthétisation de ses toiles, il unit ses origines japonaises à une contemporanéité américaine.

Capturer le temps sur la toile

Le 4 janvier 1966, On Kawara réalise sa première Date Painting, lançant ainsi une série continue et illimitée dans le temps, intitulée « Today ». Cette série emblématique consiste en des toiles monochromes – parfois rouges ou bleues, mais le plus souvent sombres – sur lesquelles l’artiste peint la date du jour de réalisation, en lettres blanches et dans la langue et les conventions typographiques du pays dans lequel la peinture est exécutée. Chaque toile est accompagnée d’une boîte sur mesure contenant une coupure de presse du jour correspondant (également proposée par la maison de ventes), ancrant l’œuvre dans un contexte temporel et géographique précis.

Estimation entre 270 000 et 375 000 €

Provenant de la galerie Pierre Huber à Genève et entrée depuis dans une collection particulière suisse, l’œuvre est estimée raisonnablement. Le record pour une toile issue de cette série a été obtenu le 12 mai 2014, à peine deux mois avant le décès de l’artiste lors d’une vente chez Christie’s New York. Intitulée May 1, 1987, elle a été adjugée 3 millions d’euros.

Fugacité de l’existence

On Kawara a établi une dernière règle : toute toile ne pouvant être achevée le jour même dont elle porte la date doit être détruite. L’œuvre devient ainsi, le jour de son achèvement, une véritable capsule temporelle et le point de départ d’une réflexion sur le temps en général. Bien que les apparences puissent sembler très éloignées, cette œuvre peut être comparée aux vanités et aux symboles baroques de la fugacité de l’existence, une comparaison que l’artiste a toujours appréciée.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Une Date painting aux enchères à Bâle

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