Belgique - Foire & Salon

FOIRE D’ART ET D’ANTIQUITÉS

Une Brafa qui n’a pas démérité

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 14 février 2024 - 961 mots

La première foire de l’année en Europe a été l’occasion de nombreuses ventes. Mais les plus grosses pièces n’ont pas trouvé preneur et les clients étrangers ont manqué à l’appel.

Bruxelles. La foire belge d’art et d’antiquités a refermé ses portes le 4 février à Brussels Expo sur une note positive grâce à une fréquentation en légère hausse, soit 67 000 visiteurs. Dans un décor fidèle au thème de l’édition, le mouvement surréaliste, qui fête cette année ses 100 ans, et en hommage à l’invitée d’honneur, la Fondation Paul Delvaux, la Brafa a séduit tant les exposants, au nombre de 132, que les visiteurs. Les allées aérées, la circulation aisée, les nombreux espaces de repos et l’ambiance sympathique rendaient la visite agréable. Tous les participants ont apprécié l’organisation sans faille de la manifestation, bien que la durée de cette dernière soit jugée trop longue.

« Pour le public, c’était la plus belle Brafa jamais organisée ! », s’est félicité de son côté Harold t’Kint de Roodenbeke, aux commandes de la foire. « Il y a eu du monde tout le temps, même le jour où la ville était censée être bloquée par les manifestations des agriculteurs », a relevé un des exposants. En effet, le public est venu en nombre – il était toutefois essentiellement composé de Belges. « La foire est trop “belgo-belge” », se sont plaints les marchands locaux, bien que l’on y ait vu des collectionneurs français, allemands, luxembourgeois et quelques Hollandais. « Pour l’instant, les visiteurs américains et asiatiques ne sont pas une priorité pour nous. Nous avons encore beaucoup à faire avec les pays limitrophes, sans compter que c’est un budget », a rétorqué le président, lui qui a vendu une trentaine de pièces, dont Au soleil (1911), un bronze de Rik Wouters (autour de 200 000 €).

Des stands qui ont fait sensation

Alors que les signaux étaient loin d’être tous au vert, les marchands ont multiplié les ventes. « La Bourse est beaucoup montée alors les collectionneurs en ont profité, un coup de chance pour nous », a rapporté Cyril Sayegh de la galerie Florence de Voldère (Paris), qui a conclu quatre ventes, « dont une belle ». Pour autant, les ventes d’un montant supérieur à 300 000 euros sont restées rares.

Plusieurs stands ont fait sensation, à commencer par celui de Marc et Daisy Maison (Paris), lesquels avaient recréé un intérieur de boiseries signées Victor Horta [voir ill.], affiché à 12 millions d’euros. La présentation a rencontré un vif succès et trois musées (un européen, un allemand et le troisième, américain) étaient sur les rangs, ainsi qu’un amateur privé, tandis qu’un autre cherchait ardemment des mécènes. « Il n’était pas question de dévoiler ce décor ailleurs qu’à la Brafa. Un an et demi de travail a été nécessaire pour le reconstituer », ont précisé les marchands, qui avaient par ailleurs une touche pour un rare vase Gallé, Repos dans la solitude (1900, affiché à 720 000 €). Fait rarissime sur la foire belge, un Jean-Michel Basquiat (Blue Skies, 1985), affiché à 14 millions de dollars, était dévoilé chez Zidoun-Bossuyt (Paris). Samuel Vanhoegaerden (Knokke-Zoute) proposait, lui, un solo show de Tom Wesselmann dont plusieurs fameux steelcut works– il a vendu sa pièce phare, Monica with Lichtenstein (Floral Wallpaper), pour 450 000 euros.

Julien Flak, qui n’était pas revenu depuis quinze ans, a fait mouche avec son mur « à la manière de Breton » tapissé de poupées kachina ; elles étaient disposées sur une cimaise en arc de cercle et peinte en bleu électrique. « J’ai réalisé plus de vingt ventes, [à des prix] entre 4 000 et 200 000 euros et dans tous les domaines, que ce soit en art africain, en art océanien ou des Amériques », a souligné le marchand parisien. L’allemande DIE Galerie (Francfort-sur-le-Main), montrait, elle, trois sculptures monumentales en bronze de Max Ernst formant le Corps enseignant pour une école de tueurs, modèles de 1967 fondus en 2020 (2,7 M€ l’ensemble), tandis que sur le stand de la galerie bruxelloise Artimo Fine Art, spécialisée dans les sculptures de 1800 à 1950, plusieurs pièces ont trouvé preneur parmi lesquelles La Jeune Fille et l’agneau, (vers 1920), de Charles Raphaël Peyre, en marbre blanc de Carrare – le visiteur pouvait s’essayer à la sculpture sur un bloc de marbre mis à disposition à cet effet. Chez Taménaga (Paris), cinq toiles de Marie Laurencin avaient été réunies, dont deux ont été vendues, notamment Jeunes filles aux jeux (1938), pour un prix à 6 chiffres. Bernard De Leye (Bruxelles) exposait une collection espagnole d’objets liturgiques en or, argent, bronze, cuivre ou vermeil (de 1450 à 1650) qui a produit son petit effet, avec au moins une quinzaine de ventes à la clé, tandis que Jean-François Cazeau (Paris) a dévoilé plusieurs céramiques importantes de Picasso – « dont les prix en ventes publiques explosent». L’une d’elles a été emportée à 45 000 euros, en parfait état. Le galeriste a également un client potentiel pour Le Vieux Pont à Bruges (1906), un tableau historique d’Auguste Herbin (autour de 480 000 €).

Nouveaux clients

Les galeries françaises, une quarantaine en tout, aiment venir en Belgique pour rencontrer de nouveaux clients. Corinne Kevorkian a ainsi cédé pas moins d’une dizaine de bronzes du Luristan ainsi que sa pièce phare le jour du vernissage, une coupe samanide du Xe siècle (près de 20 000 €), à des collectionneurs qu’elle ne connaissait pas pour certains. De même, Marie Deniau (Kaléidoscope), qui s’emploie à remettre en lumière les avant-gardes figuratives de la scène parisienne des années 1960-1970, a vendu le Portrait cousu (1968), de Jacques Grinberg (autour de 30 000 €).

Petit bémol, si un rééquilibrage a été opéré au profit des arts anciens, qui se sont réduits ces dernières années, il y avait encore beaucoup trop de tableaux modernes tandis que l’archéologie et les antiquaires d’antan manquent cruellement.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°627 du 16 février 2024, avec le titre suivant : Une Brafa qui n’a pas démérité

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