Suisse - Foire & Salon

ENTRETIEN

Thomas Hug : « Nous avons été relativement épargnés par la pandémie »

Directeur de la foire d’art contemporain Art Genève

GENÈVE / SUISSE

À l’occasion de la 10e édition d’Art Genève qui se tient au Palexpo de Genève du 3 au 6 mars, Thomas Hug dresse un bilan positif de ces dix ans d’activité.

Thomas Hug, directeur de la foire artgenève. © Annik Wetter, 2019
Thomas Hug.
© Annik Wetter, 2019

Fondateur et directeur de la foire Art Genève, Thomas Hug est satisfait de la place qu’elle occupe dans le paysage des foires d’art contemporain, même si les projets de développement ne manquent pas. Ni la pandémie, ni les remous provoqués par l’entrée en scène d’Art Basel à Paris ne semblent remettre en question son format.

Quel bilan tirez-vous de ces dix ans d’Art Genève ?

Après un début où très peu de gens croyaient en l’établissement en Suisse d’une seconde foire au rayonnement international, le Salon attire depuis quelques années certaines des galeries et collectionneurs mondiaux des plus renommés. Notre salon d’art s’est non seulement fait une place dans le calendrier international des foires sérieuses, mais il a également su créer un format nouveau, tant par sa taille contrôlée et son subtil équilibre entre offre régionale et internationale que par sa représentation globale et diversifiée de l’activité du milieu de l’art contemporain.

Quelles sont les ambitions pour la foire les prochaines années ? Et où en est en particulier le projet d’Art Moscow initialement prévu pour 2021 ?

Nous ne souhaitons pas agrandir la taille d’Art Genève. Notre ambition est de pousser plus loin encore la formule pour en faire un véritable forum. L’offre est déjà de haut niveau, mais il faut continuer à travailler à une programmation encore plus qualitative en encourageant les galeries à apporter des œuvres de toute première importance. Le format d’Art Monte-Carlo, installée sur la Côte d’Azur, est différent : il s’agit davantage d’une boutique-foire d’art, avec quelque quarante exposants. Et, en effet, la pandémie nous a contraints en 2021 à annuler notre projet moscovite, mais nous le prévoyons pour 2023. Nos autres projets seront d’une taille similaire à celle de Monaco et n’auront pas nécessairement lieu chaque année. Au-delà de la foire initiale Art Genève, il faut se laisser de la fraîcheur et de l’initiative pour nos autres manifestations et activités.

Une partie non négligeable de votre programme est réservée à des institutions artistiques publiques comme privées. Quel bénéfice en tire la foire ?

Il me semble que cela est une véritable singularité d’Art Genève. Dans nulle autre foire la présence d’institutions et d’expositions non-commerciales est aussi riche. Nous accueillons non seulement des musées et des « Kunsthalle », comme le Centre Pompidou, les Serpentine Galleries ou encore le Musée Bojmans van Beuningen, mais aussi des collections privées, des écoles d’art, des résidences d’artistes, des prix d’art… Pour cette édition anniversaire, nous accueillons même des entités qui ne sont pas consacrées en première ligne à l’art contemporain, mais qui l’abordent pour mettre en lumière leur secteur d’activité. Je pense notamment au Grand Théâtre de Genève, à la Fondation Martin Bodmer ou encore au Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Comme tant d’autres salons d’art, Art Genève a eu à pâtir de la pandémie. Comment analysez-vous l’activité des foires de l’après-Covid-19 ?

Je dois dire que nous avons été relativement épargnés par la pandémie, dans la mesure où notre Salon n’a pas pu se tenir qu’en 2021. Il me semble que, dès que les foires peuvent avoir lieu, elles rencontrent un franc succès. Les amateurs et les collectionneurs ont envie de voir de l’art en vrai et de rencontrer les différents acteurs. C’est ce qu’il me semble avoir remarqué lors des foires à l’automne 2021, par exemple.

Du reste, la récente remise en question de cet « automatisme » qui fait que l’on se déplace de par le monde pour se rendre dans les foires internationales et de la fréquence de ces voyages ne va peut-être pas toucher les foires en premier lieu : il est particulièrement sensé de se déplacer pour voir des manifestations fortes réunissant une grande offre artistique et événementielle. Je peux imaginer que cela soit particulièrement vrai pour les destinations n’offrant pas un grand panel de galeries.

Quelle est votre analyse de l’arrivée d’Art Basel à Paris ? Assisterait-on à une concentration des grandes foires ? Serait-ce une menace pour des foires de taille plus modeste ?

J’ai toujours eu du respect pour Art Basel dont la force a d’ailleurs jusque-là montré la Suisse comme un lieu important de l’art et de son marché. Et ceci a bénéficié à Art Genève. Cette logique pourra possiblement se poursuivre avec cette nouvelle gestion parisienne. Je pense de toute façon qu’Art Genève est suffisamment forte dans son identité pour exister sereinement et continuer à se développer.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°584 du 4 mars 2022, avec le titre suivant : Thomas Hug, directeur de la foire d’art contemporain Art de Genève : « Nous avons été relativement épargnés par la pandémie »

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