Ventes aux enchères

Sotheby's annule sa vente de glitch art après une polémique sur les artistes

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 30 mars 2023 - 380 mots

NEW YORK / ÉTATS-UNIS

Les 17 artistes de glitch art présentés par Sotheby's étaient des hommes provoquant la colère d’artistes femmes.

Patrick Amadon, Static Glitch, 2013. Courtesy Sotheby's
Patrick Amadon, Static Glitch, 2013.
Courtesy Sotheby's

La vente intitulée Natively Digital était censée être un coup de pub de Sotheby’s pour une nouvelle forme d’art mais elle a plutôt attiré l'attention sur le manque de diversité dans l’art numérique. « Natively Digital: Glitch-ism » rassemblait des œuvres d'artistes glitch, c’est-à-dire dont l'esthétique se base sur les erreurs analogiques ou numériques, des dysfonctionnements causés sur une image vidéo. Le mot glitch fait référence aux distorsions ou défaillances électroniques.  Cette forme artistique est une forme de critique du capitalisme et une esthétisation de l’échec technologique. « Glitch-ism » devait être un moment historique pour le glitch art, qui n'avait jamais été représenté dans une grande vente aux enchères auparavant. 

Mais à deux jours de la période d'enchères prévue du 24 au 31 mars, l'artiste Patrick Amadon a retiré ses œuvres, invoquant le manque d'artistes femmes dans la vente. Quelques heures plus tard, la maison new-yorkaise a interrompu « Glitch-ism », promettant de repenser puis de relancer la vente ultérieurement. Pour Patrick Amadon, la crise de conscience est survenue après avoir été interpellé dans un tweet de l'artiste Oona, qui se demandait comment une exposition glitch de référence avait pu être organisée par une grande maison de ventes aux enchères sans inclure une seule artiste femme. 

Les plaintes vont toutefois au-delà du manque de diversité. Dans un premier cas, Dawnia Darkstone, une artiste du glitch, se plaint d’avoir été invitée par le commissaire de l'exposition à fournir une analyse de cette scène artistique, mais de s’être vue refuser une rémunération et l'inclusion dans la vacation. Dans un autre cas, la néerlandaise Rosa Menkman, théoricienne de l'art et elle-même créatrice de glitch art, avait vu ses œuvres utilisées sans autorisation dans le matériel promotionnel de l'exposition. Ce qui l’a vraiment dérangé, selon elle, n'est pas son exclusion de la vente, mais le manque de sensibilisation historique au glitch art en tant que mouvement façonné depuis ses débuts par des artistes femmes ou queer. En réponse à la pression exercée par Oona et d'autres artistes, Sotheby's a promis de « corriger le déséquilibre dans la représentation au sein de la vente, et recommencera avec un groupe d'artistes plus équitable et plus diversifié à une date ultérieure » [non communiquée].
 

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