Galerie - Palmarès

Sociologie

Pourquoi un tel palmarès ?

Par Alain Quemin · Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2016 - 699 mots

Moins nombreuses que ce que l’on pense, les galeries créent de la valeur et il importe de les situer les unes par rapport aux autres.

Le monde de l’art contemporain est féru de classements qui permettent de savoir qui est qui, avec l’objectif de réduire l’incertitude associée à la valeur de l’art (1). Bien du temps s’est écoulé depuis l’apparition du premier de ces classements ensuite publié sur une base (quasi) annuelle, le Kunstkompass (« la boussole de l’art »), paru en 1970 et qui a perduré jusqu’en 2015. La disparition de ce palmarès des artistes contemporains internationaux les plus en vue a été précipitée par l’envol du classement concurrent, mis au point par la société Artfacts.net qui est apparu beaucoup plus performant par son recours massif aux « big data ». Si celui-ci, régulièrement commenté dans Le Journal des Arts, apparaît désormais comme le plus pertinent des palmarès d’artistes, il en existe d’autres et certaines tentatives ont même été effectuées pour classer les… œuvres. Publiés par ArtReview ou désormais également par Artnet, d’autres palmarès, bien au-delà des seuls artistes, s’étendent, pour leur part, à l’ensemble des acteurs du monde de l’art contemporain qu’ils hiérarchisent en tenant compte de leur influence.

Parmi les professionnels qui sont devenus centraux au fil des années figurent tout particulièrement les galeristes. De là à consacrer à ceux-ci un classement spécifique visant à apprécier et à hiérarchiser l’importance de leur activité, il n’y avait qu’un pas. Qui est désormais franchi avec le « Palmarès Quemin » des galeries d’art contemporain installées en France.

Une visée analytique et informative
Fallait-il créer et rendre public un tel palmarès ? Si l’instrument ici présenté vise essentiellement à dévoiler une situation – très hiérarchisée – qui existe de facto dans le monde de l’art contemporain, nul doute qu’il ne possède également une fonction performative qui pourra éventuellement gêner, tant il est fréquent dans ce milieu que chaque galerie se présente comme étant l’une des meilleures, voire « la » meilleure. C’est pourtant le propre des sciences sociales que d’introduire davantage de compréhension dans la réalité étudiée et c’est aussi la finalité de la presse de livrer à ses lecteurs des clefs de compréhension de l’univers auquel elle consacre ses articles et ses analyses.

Bien sûr, on peut d’emblée anticiper les réactions de ceux que la publication de nos analyses viendra déranger : certains diront que les résultats étaient entièrement connus, d’autres (parfois les mêmes !) voudront coûte que coûte critiquer la méthodologie et/ou les résultats obtenus. Il s’agit, ici, d’une première édition, dont il nous semble que les résultats méritent déjà d’être connus et commentés. Toutefois, lors des prochaines années, la méthodologie pourra évoluer pour s’affiner encore. Afin d’être parfaitement transparent, le Journal des Arts a choisi de présenter cette année les résultats de ce palmarès exclusif en les détaillant au cours de trois numéros successifs, le premier paraissant symboliquement au moment de la Fiac, manifestation lors de laquelle les galeries françaises sont traditionnellement à l’honneur.

Ce classement entend contribuer à une meilleure connaissance de l’univers des galeries d’art contemporain. Signalons ici qu’en 2012, le département des Études, de la Prospective et de la Statistique du Ministère de la Culture et de la Communication affirmait qu’il aurait existé en France… 2 200 galeries d’art contemporain (2) ! On verra lors du prochain numéro du Journal des Arts présentant le classement en termes de signes de reconnaissance des galeries et d’accès au marché que nous en recensons… près de dix fois moins ! À embrasser beaucoup trop large, il est clair que l’on s’éloigne dangereusement des galeries d’art proprement contemporain, considérées comme telles par les acteurs du monde de l’art, et que l’on se rapproche ou même que l’on intègre ce que la sociologue Raymonde Moulin a qualifié de « chromos ». L’exemple qui était précédemment cité montre bien que, sans connaissance fine et intime de la scène des galeries françaises d’art contemporain, il arrive de produire des résultats aberrants, que notre classement et notre dossier permettent de corriger.

Notes

(1) Alain Quemin, « Les stars de l’art contemporain. Notoriété et consécration artistique dans les arts visuels », Paris, Éditions du CNRS, 457 p., 2013.
(2) François Rouet, « Les galeries d’art contemporain en France en 2012 », Culture Études, Ministère de la Culture et de la Communication, Paris, 2013.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : Pourquoi un tel palmarès ?

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