Art impressionniste et moderne

Picasso enflamme le premier semestre

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2016 - 828 mots

Le marché de l’art impressionniste et moderne a été très bon en 2015, spécialement à New York. Il a toutefois accusé un recul en fin d’année.

Rarement les volumes de ventes auront-ils été aussi importants pour l’art impressionniste et moderne. Dans ces disciplines, Christie’s et Sotheby’s se taillent la part du lion : en 2014, elles engrangeaient 2,1 milliards d’euros, soit près de la moitié du total mondial, 4,8 milliards d’euros, chiffre annoncé dans le rapport Tefaf. En 2015, le département d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s a réalisé 1,56 milliard d’euros (1,7 Mrd$), son meilleur montant ( 20 %). Mais la société perd pourtant son leadership, dépassée de peu par Christie’s qui devrait cumuler 1,57 milliard d’euros (chiffre non confirmé par la maison), effectuant un bond de l’ordre de 40 %.

Les grandes ventes de New York ont pesé particulièrement lourd dans la balance. L’année a été marquée par un changement de stratégie chez Christie’s qui proposait, pour chacune des deux sessions, des ventes « curated » [« thématiques »] mêlant art moderne et contemporain. Le mois de mai a été triomphal : les vacations du soir des deux anglo-saxonnes ont fait un bond de 110 % (940 M€), en partie grâce aux lots d’art impressionniste et moderne de la vente « curated » « Looking forward to the past », chez Christie’s. C’est lors de cette dernière, abondamment soutenue par des garanties, qu’un nouveau record du monde a été établi : les Femmes d’Alger (1955) de Picasso ont ainsi atteint 159 millions d’euros (179 M$).

En novembre, les résultats des ventes du soir ont également connu une forte augmentation ( 69 %). Mais cela a été possible grâce au nombre d’œuvres considérable proposées dans le cadre de « The artist’s Muse » chez Christie’s, et chez Sotheby’s lors de la dispersion de la collection Alfred Taubman assortie d’une garantie colossale.

Plusieurs signes de ralentissement sont cependant apparus : le nombre d’invendus a augmenté tandis que beaucoup d’œuvres sont parties en dessous des estimations. « On constate en effet une légère correction au mois de novembre, mais les garanties et les estimations démesurées ont faussé le jeu », commente Thomas Seydoux, aujourd’hui conseiller en art après plusieurs années chez Christie’s. À noter, Phillips a relancé en fin d’année son département d’art moderne, non sans un certain succès. L’art moderne attire en effet un nombre croissant d’acheteurs ; son marché tend de plus en plus à se dissocier de celui de l’impressionnisme, très inégal, la raréfaction des chefs-d’œuvre poussant souvent les maisons à proposer des œuvres de moindre qualité.

Londres poursuit sa progression, bien que de manière moins flagrante. Sur l’année, l’ensemble des grandes ventes du soir a crû de 6 % par rapport à 2014, totalisant 783,5 millions d’euros (583,5 M£). La croissance est particulièrement tangible en juin ( 17 % pour les seules ventes du soir) grâce à la performance de Sotheby’s.

En France
La France, quant à elle, offre un beau bilan. C’est particulièrement le cas pour Christie’s qui passe en tête pour la première fois depuis plusieurs années. L’auctioneer a conservé les dates de vente mises en place l’an dernier, calquées sur le calendrier des foires. La vente de la Collection Triton et la séparation de l’art moderne et de l’art impressionniste se sont révélées payantes. Alors que la société de François Pinault annonçait un chiffre global de 27,6 millions d’euros pour le secteur l’an dernier, elle enregistre cette année plus de 40,8 millions d’euros, soit une hausse de près de 50 %.
Faute d’avoir proposé un chef-d’œuvre comparable au Modigliani parti à 13,5 millions d’euros en 2014, Sotheby’s recule, totalisant 33,7 millions d’euros contre 39,5 l’année précédente. Artcurial, de son côté, stagne à 15 millions d’euros. C’est Aguttes qui remporte la palme du lot vendu le plus cher dans le domaine, avec deux Sanyu des années 1930 cédés chacun 4 millions d’euros en juin. La maison peut s’enorgueillir des 17,1 millions d’euros obtenus par son département d’art impressionniste et moderne. Il est pourtant regrettable que le marché parisien n’ait pu bénéficier de pièces « locomotives », parfois trouvées en France mais proposées sur d’autres places que Paris. « Le marché de l’art impressionniste et moderne se porte très bien en France, malgré le manque d’offre. Mais Paris, qui ne cesse d’exporter des œuvres, reste tributaire de Londres et New York et manque d’une identité claire », analyse Thomas Seydoux.

Sur le plan mondial, cette très bonne année marque-t-elle un pic dont les ventes de novembre de New York seraient le signe du déclin ? « L’année a été excellente. Le marché arrive à maturité, avec des acheteurs de mieux en mieux renseignés. Si pic il y a, c’est peut-être en termes de volume. Au second semestre, le message a été adressé aux maisons de ventes concernant les abus de leur système, pas au marché qui reste fort et homogène. En 2016, aux maisons de faire les bonnes propositions ! » conclut Thomas Seydoux.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°449 du 22 janvier 2016, avec le titre suivant : Picasso enflamme le premier semestre

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