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ARTS ANCIENS EXTRA-EUROPÉENS

Parcours des mondes : le retour des étrangers

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 21 septembre 2022 - 670 mots

Après deux éditions franco-françaises, le Parcours des mondes a retrouvé son public international.

Paris. La 21e édition de la manifestation consacrée aux arts traditionnels extra-européens s’est achevée le 11 septembre sur une note positive. Même si depuis la crise sanitaire le Parcours des mondes a réduit la voilure – une quarantaine d’exposants au lieu d’une soixantaine et un recentrage autour des arts d’Afrique et d’Océanie, avec seulement une galerie spécialisée en arts asiatiques (Mingei) et deux en archéologie (Eberwein et Harmakhis) –, les visiteurs étrangers sont revenus en nombre. « J’ai vu beaucoup d’Américains, mais aussi des Australiens, des Chinois…, en plus des collectionneurs européens », a noté Anthony Meyer, qui avait préparé une exposition sur les armes et armements d’Océanie, comportant notamment des Casse-tête (prix à partir de 1 800 € et au-dessus de 100 000 €). « Et commercialement, ça a été un succès ! ». Même enthousiasme pour Julien Flak : « Nous avons retrouvé l’énergie des années fastes ! Beaucoup de musées sont venus cette année et notamment des musées américains comme Detroit, Minneapolis…, des conservateurs qui n’étaient pas venus depuis des années ! » Une quinzaine de ventes ont été conclues et le marchand a cédé à un musée étranger l’une de ses pièces phares, un éventail des îles Marquises (prix entre 50 000 et 100 000 €). « En vingt-cinq ans, je n’en ai vu que deux. »

D’exceptionnels ensembles réunis

Chaque année, des marchands se démarquent en concoctant des expositions quasi muséales. C’est le cas d’Abla & Alain Lecomte dont l’exposition sur les masques Sowei a trouvé son marché, avec plus d’une douzaine de ventes (de 3 500 à 15 000 €). Lucas Ratton, lui, avait réussi le tour de force de rassembler une trentaine de Singes Baoulé, dits « mendiants », un exploit salué par tous, tant marchands que collectionneurs. « C’est un ensemble qui n’a jamais été réuni, même dans un musée ! », s’enorgueillissait l’antiquaire. Autre exposition, également exceptionnelle, qui reste, elle, possible de voir (jusqu’au 19 novembre), « Résonance », organisée à la galerie Gradiva, confrontait 21 fétiches à clous Nkisi (Kongo) prêtés par le Musée de Tervuren (Belgique) et des dessins de Jean-Michel Basquiat (1960-1988).

Entwistle présentait de son côté l’un des plus beaux objets de cette édition, une statue de la région du lac Sentani, côte nord de la Papouasie – probablement un élément d’architecture. Si elle n’est pas encore vendue, la statue a suscité beaucoup d’intérêt et des clients sont revenus plusieurs fois la voir. Son prix élevé (le marchand ne souhaite pas communiquer de prix) est à la hauteur de sa qualité et de sa provenance, puisqu’elle a été collectée en 1929 par Jacques Viot, puis a appartenu à Pierre Loeb.

Bernard de Grunne, quant à lui, avait réuni des objets peu communs, comme une cuillère de Guinée-Bissau représentant une femme (vendu), mais aussi un serpent Lega, XIXe siècle, en ivoire, de 26 cm (45 000 €). Quatre seulement sont connus, dont ceux conservés, l’un à Tervuren, l’autre au British Museum. Le marchand bruxellois exposait également une grande figurine perlée Yoruba (Nigéria), un objet de prestige qui a retenu l’attention tant des musées que des particuliers. « C’est un Parcours honorable, avec une bonne ambiance. J’ai réalisé des ventes oscillant entre 30 000 et 60 000 euros », indique le marchand.

Un bémol cependant puisque certains marchands ont confié qu’ils avaient remarqué que, contrairement à 2020, année du confinement, et même 2021, où les clients, privés d’art pendant des mois, achetaient tout de suite,cette année était celle d’un retour à la période avant Covid : les clients ont besoin de réfléchir. « Ça, c’est parce qu’ils n’ont pas le moral à cause du contexte actuel qui n’est pas réjouissant », admettait un exposant. Reste un problème de taille, qui n’est pas nouveau ni propre au secteur : le manque de renouvellement de la clientèle. « Même si c’est récurrent, je trouve que c’est de plus en plus flagrant. Les collectionneurs vieillissent et les jeunes ne prennent pas la relève. Ils n’ont pas envie de faire des collections ! », se désolait un acteur du marché.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : Parcours des mondes : le retour des étrangers

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