Londres

Monopoly à Mayfair

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 17 octobre 2012 - 584 mots

Michael Werner a inauguré une nouvelle galerie dans le quartier londonien. À deux pas de trois confrères attirés eux aussi par la capitale britannique.

LONDRES - Pourquoi ouvrir une nouvelle galerie à Mayfair ? « On m’a dit que Londres était en plein boom, ce qui m’a échappé », lance Michael Werner avec un humour très britannique. Assis dans un petit salon à l’étage d’un élégant immeuble géorgien, le marchand de Georg Baselitz semble avoir la tête ailleurs à quelques jours de l’inauguration de son exposition-hommage au Musée d’art moderne de la Ville de Paris (lire p. 26). Moquette épaisse et parquets de chêne cirés, au 22 Upper Brook Street, à deux pas du Claridge, les collectionneurs se comptaient sur les doigts de la main le matin de l’ouverture du nouvel espace estampillé « Michael Werner ». Une dizaine de toiles et dessins énigmatiques de Peter Doig épousent les cimaises de ce bel espace de 750 m2 réparti sur deux étages.

Depuis que Londres est devenue la porte d’entrée sur le marché européen des riches collectionneurs du Moyen-Orient, de Russie et d’Asie, les grands marchands d’art rêvent tous de s’installer à Mayfair, le quartier le plus huppé du Monopoly britannique.

Il est vrai que la métropole réunit près de 6 000 résidents disposant d’un revenu net supérieur à 30 millions de dollars (plus de 23 millions d’euros), selon la société Wealth-X, spécialisée dans la collecte de données chiffrées sur le gotha mondial. Les collectionneurs milliardaires Roman Abramovich, Viktor Pinchuk et Lily Safra disposent chacun de pied-à-terre à Londres.

Sur les pas de Gagosian
Après Berlin, Cologne et New York, et près de cinquante ans après l’ouverture de sa toute première galerie, Michael Werner s’adjoint donc un quatrième espace d’exposition. « Nous aurons le même type de programmation qu’à New York. Nous montrerons des artistes des années 1980 comme Markus Lüpertz, Sigmar Polke et A.R. Penck, aux côtés d’artistes d’âge intermédiaire comme Peter Doig et de plus jeunes artistes », explique Michael Werner. Place sera faite également à des expositions de maîtres de l’art moderne tels Arp, Picabia et Schwitters.

Bâtir un réseau de galeries sur lequel « le soleil ne se couche jamais », à l’image de la galaxie Gagosian, serait-il devenu le nouveau rêve des galeristes en vue ? Cet automne, outre Michael Werner, trois marchands de poids, les galeries David Zwirner, Pace et Per Skarstedt, ont décidé d’étendre leur empire en apposant leur griffe sur Mayfair. C’est peut-être chez l’Allemand David Zwirner que l’aspiration à mettre sur pied un réseau mondial inspiré du modèle Gagosian est la plus forte. Zwirner ouvre cet automne sur Grafton Street, à l’est de Hyde Park, une galerie de 3 000 m2 sur cinq étages. C’est Luc Tuymans qui en essuie les plâtres en ce mois d’octobre.

Derrière la Royal Academy, Marc Glimcher, patron de la Pace, qui possédait déjà une galerie en étage sur Lexington Street, a inauguré début octobre un deuxième espace de 2 700 m2 sur Burlington Gardens. Son exposition inaugurale propose une confrontation entre Mark Rothko et Hiroshi Sugimoto. À deux pas de la Pace Gallery, le New-Yorkais Per Skarstedt a ouvert cet été un espace de 750 m2. Il y présente cet automne, pendant la Frieze Art Fair, des peintures et dessins de Warhol. « Good business is the best art », isn’t it ?

Galerie Michael Werner

22 Upper Brook Street, Londres, tél. 44 207 495 6855, www.michaelwerner.com, du mardi au samedi 10h-18h. Exposition « Peter Doig. New Paintings », jusqu’au 22 décembre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°377 du 19 octobre 2012, avec le titre suivant : Monopoly à Mayfair

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