Galerie

Lignereux, depuis 2016

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 23 février 2022 - 417 mots

Histoire

« Vendeurs de tout, faiseurs de rien », c’est comme cela que l’on définissait, au XVIIIe siècle, les « commerçants merciers », ce corps de marchands auquel appartenait Martin-Eloy Lignereux (1751-1809).

Ce dernier fut le fondateur dans les années 1780 de la Maison Lignereux, maison de création de beaux objets d’art prisés en leur temps par les puissants, mais largement oubliés aujourd’hui… C’est lui qui participa, avec Daguerre, à l’inventaire des objets les plus précieux de Marie-Antoinette, en 1789, peu après le départ de la reine de Versailles, et qui permit donc leur sauvegarde. À Genève, la Table volante de l’ébéniste Adam Weisweiler, créée à l’initiative de Lignereux en 1790, est présentée dans l’exposition « Important Nothings by Lignereux », à la Galerie Espace Muraille.

Revival

Passionné d’art et de beaux objets, Gonzague Mézin redonne vie depuis 2016 à la Maison Lignereux. Sur le modèle des marchands merciers, le jeune designer dessine de beaux objets qu’il réalise ensuite en collaboration avec des artisans d’art et des artistes virtuoses. « Lignereux, c’est une aventure collective », dit celui qui veut honorer des gestes et cite volontiers les créateurs qu’il embarque dans son univers : les ébénistes Tim Breitfuss et Romain Gardey de Soos, les céramistes Caroline Peltier et Tanya Gomez, le souffleur de verre Xavier Le Normand, le sculpteur Samuel Yal, la fonderie de Coubertin, etc. Ainsi, cette roue en bronze doré et en marqueterie de paille réalisée, entre autres, par Solyfonte (bronziers d’art) et Paelis (marqueteurs de paille). Les autruches sont une référence aux Chandeliers aux autruches du bronzier François Rémond (1782) et, bien sûr, au Bar aux autruches de Lalanne (vers 1966). Intitulé Thirst, ce sublime objet d’art illuminé par Thierry Toutin raconte une histoire, comme tous les objets Lignereux : « La fonction m’importe peu, j’envisage des histoires : les huit hémisphères suggèrent des fruits mûrs, objets du désir de l’assoiffé. La marqueterie, quant à elle, rappelle le chemin du manque : le choix de la paille évoque la brûlure du soleil », pour Gonzague Mézin, qui travaille d’ores et déjà à une nouvelle pièce pour l’exposition Louis XV programmée à l’automne prochain au château de Versailles.

Rien

« Important Nothings », ces importants petits riens, fait référence à une lettre de Jane Austen (1775-1817). Vingt-et-un objets d’art créés entre 2017 et 2021 sont présentés dans l’exposition au milieu d’une collection de pièces du XVIIIe siècle. Chacune d’elle, chaque « folie », peut être éditée en petite série – de 8 à 15. Le prix d’une folie ? Entre 30 000 et 175 000 euros. Trois fois rien…

« Important Nothings by Lignereux »,
jusqu’au 7 mai 2022. Galerie Espace Muraille, 5, place des Casemates, 1204 Genève (Suisse). Espacemuraille.com

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Lignereux

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