L’Ifaf rivalise avec les auctioneers

La foire s’affirme d’année en année dans le secteur des tableaux modernes

Le Journal des Arts

Le 28 mai 1999 - 621 mots

Foire incontournable du « circuit international », l’International Fine Art Fair (Ifaf) a réuni, du 7 au 12 mai, soixante-huit marchands et semble avoir atteint son rythme de croisière. Comme les années précédentes, les tableaux modernes – qui ont néanmoins parfois un peu souffert de la tenue simultanée des grandes ventes de Sotheby’s et Christie’s – ont obtenu de meilleurs prix que les maîtres anciens.

NEW YORK - Il n’était pas facile pour les organisateurs de l’International Fine Art Fair de concurrencer Sotheby’s et Christie’s, qui ont cristallisé l’attention des collectionneurs en organisant leurs ventes impressionnistes pendant les derniers jours de la foire. Par comparaison à l’activité qui régnait dans les salles de vente, le climat était nettement plus calme sur Park Avenue, pour cette septième édition tenue à l’Armory Show. Cela n’a pas empêché les marchands de conclure des ventes importantes, tant il est vrai que la qualité des visiteurs importe plus que leur nombre. D’autant qu’à l’exception de la vente Whitney, les auctioneers manquaient d’œuvres importantes inconnues du marché.

De Jonckheere a vendu son Bruegel le Jeune, Paysans en plein air, pour 1,2 million de dollars (7,3 millions de francs) ; Clovis Whitfield son éblouissant Portrait des enfant Guiccardini par Lorenzo Lippi à 2,5 millions de dollars – cette toile avait été exposée à Maastricht par un autre marchand qui la proposait à 600 000 dollars comme étant d’un artiste inconnu –, tandis que Bob Haboldt s’est séparé de sept peintures et trois dessins. “Avec l’explosion des marchés financiers, les collectionneurs sont confiants et contents de pouvoir étendre le champ et la taille de leurs collections”, a affirmé.
Christopher Kingzett, chez Agnew’s, a cédé un Géricault, “Chez le maréchal-ferrant”, pour 800 000 dollars, ainsi que des dessins de Constable, Fuseli, Pier Francesco Mola, et confirmé que c’était l’une de ses meilleurs foires de ces dernières années : “Nous avons beaucoup mieux travaillé qu’à Maastricht, où il y a pourtant eu 70 000 visiteurs.” Pour Hervé Aaron, les spécialistes de tableaux modernes ont dans l’ensemble réalisé des résultats supérieurs à leurs homologues en maîtres anciens. “Les nouveaux clients se lancent plus facilement dans des acquisitions d’œuvres modernes.”

Un Morisot à plus d’un million de dollars
Les marchands de tableaux impressionnistes et modernes, qui n’avaient pas sélectionné d’œuvres rares et exceptionnelles, ont un peu pâti de la tenue simultanée des vacations de Christie’s et Sotheby’s. Mais les galeries proposant des œuvres inconnues du marché ont très bien travaillé : la galerie Hopkins-Thomas-Custot a tellement vendu – plus d’une douzaine de tableaux, dont un Matisse et un Morisot à plus d’un million de dollars – que les marchands se sont abstenus de placer des points rouges sur les œuvres afin de ne pas contrarier leurs collègues. “C’est une foire fréquentée par de vrais amateurs et qui a atteint son rythme de croisière. Nous réalisons d’année en année de meilleurs résultats”, a déclaré François Lorenceau, qui s’est séparé de toiles de Caillebotte, Villon et Dora Maar, et d’une sculpture de Carolus-Duran. “La réussite d’une foire, selon Anisabelle Berès, ne se mesure pas uniquement à l’aune des chiffres d’affaires. Le succès d’un stand auprès du public et la réputation du marchand importent tout autant.” La galerie Malingue a pour sa part cédé son Van Gogh, un Portrait de paysanne des premières années, pour une somme non communiquée mais atteignant probablement plusieurs millions de dollars. Lefevre, qui a vendu au moins sept toiles, dont une importante huile de Boudin, La baie de Douarnenez, un Rouault, Pierrot de la lune, et deux aquarelles de Roger de La Fresnaye, affichait également sa satisfaction. De son côté, Lowel Libson, chez Spink-Leger, a noté la présence “d’une trentaine de conservateurs de grands musées américains, dont certains étaient également d’importants collectionneurs”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°84 du 28 mai 1999, avec le titre suivant : L’Ifaf rivalise avec les auctioneers

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