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ART CONTEMPORAIN

L’esthétique japonaise de la contingence, revue par Sébastien Pluot

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 24 avril 2025 - 495 mots

La galerie Jocelyn Wolff accueille le deuxième volet de l’exposition « L’Esthétique des Contingences #2 ».

Romainville (Seine-Saint-Denis). La galerie Jocelyn Wolff accueille le deuxième volet d’une exposition conçue par l’historien de l’art Sébastien Pluot lors de sa résidence en 2023 à la villa Kujoyama (Kyoto), où a été présenté le premier volet – avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller. En étudiant l’esthétique des contingences dans la culture traditionnelle japonaise – allant jusqu’à s’initier à différentes pratiques artisanales –, Sébastien Pluot a imaginé une relecture de l’art conceptuel au prisme de cette acceptation de l’imprévu si fortement ancrée dans la pensée asiatique.« J’ai trouvé intéressant que son regard d’expert, informé par son séjour au Japon, en ait été changé », relate Jocelyn Wolff pour expliquer l’accueil de ce projet à plusieurs égards, exceptionnel.

L’accrochage, qui embrasse différents médiums (aquarelle, sculpture, vidéo, installation sonore, œuvre textile, poème spatial, tirage argentique…), réunit en effet près de quarante artistes, certains historiques (Mel Bochner, John Cage, Alison Knowles, Louise Lawler, Nam June Paik, Mieko Shiomi… ), d’autres actuels (Mark Geffriaud, David Horvitz, Eva Jospin, Yann Sérandour…), et dont seulement quelques-uns (William Anastasi, Katinka Bock, Franz Ehhard Walther, Christoph Weber…) sont représentés par la galerie. La scénographie, formellement réussie dans son occupation de l’espace sur deux niveaux, mélange non seulement les œuvres avec les objets d’art, mais elle inclut des spécimens de champignons prêtés par le Museum d’histoire naturelle et comporte surtout un pavillon de thé « activable », précédé de son casier à chaussures.

La sélection comprend par ailleurs quelques inédits remarquables, comme le manuscrit original du discours de Marcel Duchamp en 1952 à la New York Chess Association, et les capsules temporelles (Time boxes) commandées en 1975 par l’artiste Stephen Antonakos à quatre de ses pairs – Richard Artschwager, Daniel Buren, Sol Lewitt et Robert Ryman –, ouvertes pour la première fois en 2000 et jamais vues depuis. La durée de la programmation, sur deux mois, ponctuée de tables rondes, de workshops et clôturée par un « banquet » in situ (sur inscription), confère également à « L’esthétique des contingences#2 » un format inhabituel en galerie.

Enfin cette exposition hors normes, malgré les pépites qu’elle recèle, décline toute ambition commerciale. « Les ventes se font rarement dans le cadre de nos expositions, elles ont lieu plus tard, ou en parallèle, notamment dans certaines foires », affirme Jocelyn Wolff, qui n’a cependant pas été insensible au prisme asiatique du projet de Sébastien Pluot, alors qu’une partie des collectionneurs de la galerie sont basés en Chine et en Corée. La viabilité de ce type d’initiatives ? Elle repose sur une conception globale du métier de galeriste tel que le conçoit Jocelyn Wolff : « Les expositions au propos très éditorialisé, me passionnent et me permettent d’élargir mon expertise au-delà des artistes que nous défendons. Elles font sens d’un point de vue économique si l’on considère qu’elles confèrent à la galerie une position à part dans le paysage, susceptible d’attirer des artistes dont la présence va au final nous permettre d’être performants. »

Life is what happens when you’re busy making other plans. Esthétique des contingences #2,
jusqu’au 15 mai, galerie Jocelyn Wolff, 43, rue de la Commune de Paris, 93230 Romainville.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°654 du 25 avril 2025, avec le titre suivant : L’esthétique japonaise de la contingence, revue par Sébastien Pluot

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