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Les records pleuvent sur Paris

Le marché de l’art parisien bouillonne tous azimuts sous le feu des enchères

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 décembre 2010 - 712 mots

PARIS - Alors que la saison 2010 n’est pas terminée, les belles enchères se succèdent à Paris à un niveau de prix assez soutenu, témoignant d’un marché de l’art dynamique.

L’art moderne reste le secteur le plus fructueux. Chez Artcurial, le 30 novembre, trois ventes se sont succédé jusqu’à totaliser près de 12 millions d’euros. Une vente classique, où 60 % des lots ont trouvé preneur pour 5 millions d’euros, a récompensé L’Atelier (1958), huile sur toile de Pablo Picasso vendue 1,4 million d’euros, et un lustre en bronze (vers 1968-1970) de Diego Giacometti, parti à 860 000 euros, un record pour l’artiste. Le même jour, vingt-sept des trente toiles de Maurice Utrillo de la collection Paul Pétridès (1901-1993) sont parties pour 5,4 millions d’euros. Un paravent de quatre panneaux peint par l’artiste en 1939 a atteint le double de son estimation basse, soit 835 500 euros, l’enchère la plus élevée pour une œuvre d’Utrillo depuis 1990. Enfin, le fonds Constantin Brancusi provenant de la collection Natalia Dumitresco et Alexandre Istrati a totalisé 1,5 million d’euros, grâce au Baiser, colonne (1935), sculpture en pierre et plâtre emportée par un amateur américain pour 950 000 euros.  Le 2 décembre, Christie’s totalisait 8 millions d’euros (81 % de lots vendus), notamment avec une belle composition fauve de Raoul Dufy, Voiliers et Barques (1907), partie à 1,9 million d’euros, et une console de Diego Giacometti, intitulée La Promenade des amis et provenant de la collection de Mme Pierre-Noël Matisse, vendue 697 000 euros. Avec 15,5 millions de recette, Sotheby’s a créé l’événement le 8 décembre (87,5 % de lots vendus), fort d’un bel ensemble d’œuvres surréalistes et trois records à la clé : André Masson avec Gradiva (1939), toile préemptée par le Musée national d’art moderne de Paris pour 2,3 millions d’euros ; Man Ray avec un tableau peint en 1941, Les Beaux Temps, vendu 1,5 million d’euros, et Toyen et sa toile Le Plongeur (1926), adjugée 600 750 euros. 

Un festin coûteux
À côté du marché parisien bien organisé des beaux quartiers du 8e arrondissement, il n’est pas facile de s’y retrouver dans la jungle des ventes de l’hôtel Drouot, surtout en haute saison, quand les vacations largement pluridisciplinaires s’enchaînent en ordre dispersé. Soulignons néanmoins l’initiative de dix sociétés de ventes réputées qui se sont réunies, du 30 novembre au 3 décembre, pour exposer et vendre au premier étage de l’hôtel Drouot. A ainsi été dispersé un ensemble de dessins et gravures par Alberto Giacometti couronné d’une enchère de 396 500 euros pour Femme debout (1947-1950) (SVV Fraysse) ; L’Adoration des mages, bas-relief en bois provenant d’un grand retable allemand de la fin du XVe siècle, vendu 620 000 euros (SVV Binoche et Giquello) ; un fauteuil d’apparat d’époque Louis XV attribué à Nicolas Heurtaut, cédé 115 500 euros (SVV Damien Libert), ou encore un dessin du XVIIe figurant un Portrait de jeune homme par Samuel Van Hoogstraten, envolé à 171 000 euros (SVV Beaussant-Lefèvre).

Toujours à Drouot, on notera Le Festin d’Absalom, tableau de la première moitié du XVIIe siècle par Matthias Stomer vendu au prix record de 838 000 euros (le 26 novembre, SVV Robert & Baille) ; L’Arétin et l’envoyé de Charles Quint (1848), toile de Jean Auguste Dominique Ingres adjugée 547 000 euros (le 8 décembre, SVV Thierry de Maigret) ; Buste de femme, tableau de Giorgio de Chirico parti à 397 000 euros (le 26 novembre, SVV Binoche et Giquello), et une icône du XVIe siècle en triptyque, peinture à fond d’or sur panneaux par Georges Klotzas, emportée pour 248 000 euros (le 7 décembre, SVV Ader).

Dans leur spécialité respective, de beaux prix ont été enregistrés pour le design chez Camard (Drouot-Montaigne, le 1er décembre) avec une table basse éclairante Nuage par Guy de Rougemont cédée à 124 000 euros (record pour l’artiste) ; pour l’Empire chez Osenat (Fontainebleau, le 5 décembre) avec une paire de pistolets de luxe à silex ayant appartenu au frère de Napoléon Ier, Joseph Bonaparte, adjugée 400 000 euros ; et enfin pour l’horlogerie chez Chayette et Cheval (Drouot, le 2 décembre) avec une montre de poche en argent de 1792 signée Louis Berthoud, un rarissime modèle à heure décimale adopté par la Convention, acquis par un musée suisse pour 176 300 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°337 du 16 décembre 2010, avec le titre suivant : Les records pleuvent sur Paris

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