Les pommes masquées de Magritte

Absente du marché depuis plus de 40 ans, l’œuvre s’apprête à passer sous le marteau pour la première fois. En effet, elle est restée à l’abri des regards dans trois collections privées belges successives, depuis son accrochage lors d’une exposition à la célèbre Galerie Isy Brachot, à Bruxelles, en 1979. L’huile a été réalisée dans les années 1950, période la plus recherchée par les collectionneurs.

Thème récurrent chez l’artiste belge, les pommes, historiquement un motif classique des natures mortes, sont ici masquées. Le maître n’a peint que huit compositions à l’huile sur ce sujet et jusqu’à ce jour, une seule d’entre elles est apparue aux enchères : Le Prêtre marié, adjugé 8 millions d’euros en 2007, chez Christie’s Londres, où, à l’inverse, les deux pommes sont éclairées, tandis qu’une lune apparaît dans le ciel.

Basée sur un contraste entre les ombres et la lumière, cette toile, à l’instar de L’Empire des lumières, universellement connue, définit l’essence même du surréalisme. « Elle résout l’impossible : l’union du jour et de la nuit », commente Thomas Bompard, vice-président de Sotheby’s France. Maître dans l’art de l’absurde et du paradoxe, Magritte recourt ici au ciel bleu nuageux, typique de ses œuvres, qui renvoie à la lumière du jour, tandis que les ombres des pommes suggèrent une scène nocturne.

Il s’agit de la plus haute estimation proposée en vente publique chez Sotheby’s en France, même si elle reste loin derrière celle de L’Empire des lumières, autour de 54 millions d’euros et adjugé 71,5 millions à Londres en mars 2022. Un record pour l’artiste.