Le nuancier chromatique des mers de Mathieu Lehanneur

Par Alexia Lanta Maestrati · lejournaldesarts.fr

Le 22 janvier 2018 - 512 mots

PARIS

Christie’s Paris expose le nouveau projet du designer Mathieu Lehanneur, 50 disques de céramiques reproduisant la surface de différentes mers du globe.

Mathieu Lehanneur, « 50 Seas », vue d'ensemble
Mathieu Lehanneur, « 50 Seas », vue d'ensemble
Photo Felipe Ribon
Courtesy Christie's

Une fois n’est pas coutume, c’est dans les locaux d’une maison de ventes, en l’occurrence Christie’s que le designer polymorphe, Mathieu Lehanneur, tente de « restituer l’immense variation et panel de toutes les couleurs des mers du monde ». L’exposition « 50 seas », chez Christie’s, qui ne fera pas l’objet d’une vente aux enchères mais dont les pièces sont en vente, propose une variation chromatique de la couleur de la mer sur des disques en faïence émaillée.

Le jeune designer rochefortais de 43 ans joue tantôt avec la technologie, il est notamment Chef Designer de la marque chinoise Huawei spécialisée dans la téléphonie, tantôt avec la science, avec par exemple Objets Thérapeutiques qui questionne les médicaments et leur emploi souvent aléatoire (un médicament sur deux serait mal pris) ou, Andrea le purificateur d’air réalisé avec Harvard University, toujours en alliant le tout à sa passion première : le design.

Salués par la critique, ses projets font partie des grandes collections telles que celles du MoMa New York, MoMa San Francisco, the Victoria and Albert Museum de Londres ou le Centre Pompidou. Il a aussi été sélectionné pour réaliser le mobilier du Grand Palais.

« 50 seas » témoigne de cette idée chère à Lehanneur « de prendre l'unique et le spécifique pour le remettre dans une globalité ». Le projet fait écho à Pyramide des Âges, la série de céramiques noires brillantes formées à partir de graphiques statistiques des pyramides des âges de différents pays, toutes différentes mais toutes appartenant à un même ensemble. Et aussi à Liquid Marble, qui cherche à reproduire le sentiment ressenti à l'égard de la mer dans un matériau dur ; le marbre. Ses projets poussent à réfléchir à la mince barrière entre l’art et le design.

Lehanneur a sélectionné cinquante points à la surface du globe et la société française Planet Observer lui a fourni des images satellitaires de ces dernières. Il a fallu au designer et à son équipe de nombreux essais, plus de 2 000, pour trouver les cinquante couleurs d’émaux tangents qui couvriront la faïence. L’alliance technologique et artisanale offrent un résultat reflétant la multiplicité du nuancier de couleurs de la mer, sur des pièces uniques toutes fabriquées à la main.

Sur les murs des salons de Christie’s, la mise en scène ne se préoccupe pas de la géographie mais de l’esthétique. Dans un registre lyrique, le parcours promène l’oeil du visiteur, de la mer bleu marine presque Klein de la baie d’Hudson à la mer bleu cyan d’Azov-Marioupol en Russie en passant par quarante-huit autres nuances. D’ailleurs, « rebattre les cartes géographiques de ses mers, là est aussi une idée » qui séduit Lehanneur. Il espère que ses pièces iront dans différents endroits du monde. Son fragment de mer préféré est celui du Mozambique, où il n’est jamais allé si ce n’est via images satellitaires.

« 50 Seas », Mathieu Lehanneur

Christie’s France, 9 Avenue Matignon 75008 Paris, du 18 Janvier au 2 Février 2018

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