La table à écrire de Louis XV au Petit Trianon

Louis XV passe commande du Petit Trianon à son premier architecte Ange-Gabriel, en 1762. Il veut y profiter de moments de détente, loin de l’étiquette. La table y est livrée en 1771 et prend place à l’étage noble, dans la « pièce du café », un petit cabinet plus intime que le Cabinet du roi, avec lequel il communique. Elle est encastrée dans le lambris, sous une tablette de marbre à hauteur d’appui.

Le Petit Trianon est achevé en 1768, l’année même où Louis XV rencontre Jeanne du Barry, qui devient sa maîtresse. C’est ici, au niveau de l’attique, qu’il la loge. Pour accéder à sa chambre, le roi empruntait un petit escalier dissimulé derrière le lambris. Quand Marie-Antoinette s’installe dans le lieu, la pièce est remaniée, le lambris déposé et la table envoyée au Garde-Meuble. Elle n’en ressort qu’en 1788, quand Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, commissaire général de la Maison du roi, décide de se l’attribuer, après restauration par le successeur de Riesener, Guillaume Beneman (1750-1811).

Reçu maître en 1768, Jean-Henri Riesener (1734-1806) est le fournisseur officiel de la Couronne de 1774 à 1785. Il est resté célèbre pour avoir participé à l’achèvement du fameux bureau à cylindre du cabinet intérieur de Louis XV, commencé par l’autre grand ébéniste du règne de Louis XV, Jean-François Oeben.

Véritable meuble du quotidien, cette table permettait à Louis XV d’écrire un billet ou de ranger des papiers, grâce à un mécanisme ingénieux (aujourd’hui manquant). Un tour de clé ainsi qu’une pression sur un bouton activait l’ouverture du tiroir et trois compartiments dissimulés sous la tablette à écrire.

Donnée par l’expert Pierre-François Dayot, cette fourchette tient compte de la provenance royale, mais aussi du caractère intime du meuble.