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La photographie libanaise tonifie Beirut Art Fair

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2018 - 612 mots

La 9e édition de la foire a mis en lumière des photographes locaux de plus en plus présents sur la scène internationale.

Beyrouth. La scène artistique libanaise suscite régulièrement l’intérêt des professionnels. Grâce à sa programmation sur la photographie libanaise, cette année la Beirut Art Fair a vu notamment Sam Stourzdé (directeur des Rencontres d’Arles) et Florence Bourgeois (directrice de Paris Photo) faire pour la première fois le déplacement à Beyrouth.

« Across Boundaries », (« Par-delà les frontières ») proposé par le collectionneur Tarek Nahas, offrait ainsi une vision large de l’histoire de la photographie libanaise, allant de l’Arménien Manoug Alemian aux artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. À partir de collections privées libanaises et de fonds d’institutions, telles que l’American University of Beirut et l’Arab Image Foundation, se développait un récit sensible du Liban entre histoires intimes, guerre civile et réappropriations du paysage. Dans la foire, quelques stands se faisaient l’écho de ce récit. À commencer par la galerie In Situ-Fabienne Leclerc avec différentes pièces, justement, de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. « Le résultat des ventes a été satisfaisant », note la galeriste dont les prix des œuvres s’échelonnent entre 3 500 euros et 40 000 euros. Les lauréats du prix Marcel Duchamp 2017 « sont connus dans leur pays, y compris pour leur travail cinématographique. Ils ont toujours été montrés dans des institutions ou des expositions organisées par des commissaires », souligne Fabienne Leclerc. Reste que « leur présence pour la première fois à Beirut Art Fair a permis à beaucoup de personnes nouvelles d’avoir accès à leur travail », constate la galeriste qui, elle aussi, participait pour la première fois à la foire.

Il en va de même pour la jeune galerie montante beyrouthine Marfa créée il y a trois ans. Joumana Asseily, sa directrice et fondatrice, se disait ravie par l’accueil chaleureux réservé aux images de The End of… de Lamia Joreige réalisées en 2007 et vendues entre 9 000 et 11 000 dollars selon l’édition. Les projections métaphoriques des questionnements de l’artiste aux lendemains de la guerre du Liban ne semblent pas déplaire aux collectionneurs libanais. Naila Kettaneh-Kunigk de la galerie Tanit se souvient du succès d’une galerie qui, il y a deux ou trois ans, avait rempli tout son stand à Beirut Art Fair avec des photographies du conflit libanais. Et la galeriste de relever que nombre de photographies liées au conflit et à ses cicatrices dans « Across Boundaries » viennent de chez elle. « Nous les avons placées dans des collections privées. À commencer par The Flag [Le drapeau] de Fouad Elkoury. » Ce dernier compte plus que jamais parmi les artistes libanais en vue sur la scène artistique internationale, au même titre que Walid Raad, Akram Zaatari, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ou Ziad Antar. Depuis quelques années, les prix de ses photographies s’envolent.

À Beirut Art Fair, de manière générale le niveau des prix pour une photographie était particulièrement élevé (pas moins de 5 000 €) et dépassait parfois ceux demandés pour une peinture ou une sculpture. « Jusqu’à peu, la majorité des Libanais demeurant à Beyrouth ne concevaient pas de payer très cher pour un multiple », pointe Joanna Abou Sleiman-Chevalier, nouvelle venue au sein de l’équipe de Beirut Art Fair. Les comportements ont évolué depuis trois ou quatre ans, les expositions se multiplient. Le médium photographique, intègre de plus en en plus les galeries. Le réseau de ces dernières par ailleurs s’étoffe à Beyrouth et se montre particulièrement actif dans le soutien aux artistes Libanais. La provenance de la quasi-majorité des tirages exposés dans « Accross Boundaries » en témoigne, excepté pour Ziad Antar et Joana Hadjithomas et Khalil Joreige qui ont fait le choix de ne pas être représentés par une galerie de leur pays.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°508 du 5 octobre 2018, avec le titre suivant : La photographie libanaise tonifie Beirut Art Fair

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