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La Biennale en galeries

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 30 août 2016 - 905 mots

Plusieurs antiquaires absents de la manifestation du Grand Palais profitent de l’effervescence au moment du salon pour organiser des expositions de qualité dans leur galerie.

A bsents de la Biennale, les marchands parisiens ont compris depuis longtemps l’intérêt d’organiser un événement aux mêmes dates que la manifestation qui prend place au Grand Palais. Les galeries offrent plus de possibilités pour mettre en valeur leurs pièces, et en relief un sujet pointu. La Biennale marque la rentrée du monde de l’art et des antiquités. Les collectionneurs internationaux, peu sollicités en ce mois de septembre, peuvent se donner rendez-vous à Paris pour visiter non seulement la Biennale mais aussi tous les événements annexes que les professionnels parisiens leur ont concoctés. Les organisateurs de la Biennale eux-mêmes en sont convaincus : « Plus il y a d’activité à Paris au même moment, plus cela déplace les foules ! », assure son directeur général, Jean-Daniel Compain. Les marchands comptent donc sur un afflux massif des visiteurs étrangers, même s’ils redoutent que certains renoncent à leur voyage, comme les Américains, à la suite des récents événements, en particulier l’attentat de Nice le 14 juillet.

Horloges à automates à la galerie J. Kugel
Si les expositions se calent sur les dates de la Biennale, elles se poursuivent souvent bien au-delà, parfois jusqu’en novembre. Une prolongation justifiée par plusieurs mois voire années de préparation.
C’est le cas de la Galerie J. Kugel, qui ne vient plus à la Biennale depuis 1994, et qui présente « Un bestiaire mécanique » (9 septembre-5 novembre), remarquable par bien des aspects. D’abord il s’agit de la première exposition consacrée aux horloges à automates de la Renaissance, réalisées entre 1580 et 1630, mais c’est aussi la première fois qu’une telle collection, riche d’une trentaine de pièces, est rassemblée. « Nous avons toujours cherché des domaines de l’histoire injustement négligés. Les automates de la Renaissance sont tout autant des horloges que de merveilleuses sculptures. Comme pour chaque exposition, nous partons d’un noyau constitué de nos collections familiales et, une fois l’idée germée, nous réunissons patiemment sur plusieurs années des pièces jusqu’à ce que la collection soit cohérente et couvre l’essentiel de la production », explique Alexis Kugel.

Ingénieux, fascinants, ces objets mécaniques ont été produits principalement dans la ville d’Augsbourg, grand centre artistique sous l’Empire. À la demande ou à chaque heure, le mécanisme se met en marche : ainsi cet éléphant en bronze doré, vers 1580, attribué à Erasmus Pirenbrunner, qui roule des yeux et remue sa trompe. Ces objets, rares et recherchés, suscitent un véritable engouement. En juillet 2014, Sotheby’s Londres avait vendu une licorne pour 909 503 euros.
La galerie Aveline organise aussi une exposition, tout comme en 2014. « Le fait de ne pas participer à la Biennale est une décision prise il y a longtemps. Un stand n’aurait pas été assez grand pour présenter le grand nombre d’objets réunis ici », explique Marella Rossi. Celle-ci consacre cette année ses espaces à la porcelaine de Sèvres du Premier Empire jusqu’au règne de Louis-Philippe. « Impérial et Royal » se tient du 8 septembre au 9 octobre, en collaboration avec Camille Leprince (directeur de l’ouvrage Napoléon Ier et Sèvres qui paraît pour l’occasion), Michel Vandermeersch et Christophe de Quénetain. Un partenariat a été noué avec le Musée Napoléon-Ier du château de Fontainebleau. La plupart des pièces – services royaux, cadeaux diplomatiques ou commandes – n’ont jamais été vues et leurs formes élégantes permettent d’apprécier, par la perfection des décors peints, la manufacture maîtrise ses techniques.

René-Jean Caillette chez Pascal Cuisinier

Xavier Eeckhout, qui n’a pas renouvelé sa participation à la Biennale, « déçu par son organisation [lors de l’édition 2014], par la commission de sélection et par les emplacements qui [lui] ont été proposés », entend également bénéficier de l’effervescence parisienne : « Comme bon nombre de galeries, organiser une exposition en parallèle d’un salon permet de voir nos clients qui sont à Paris à cette période. Pour ma part, je n’ai rien de prévu avant la foire Brafa (Bruxelles) en janvier, et c’est un bon moyen de faire vivre la galerie en montrant mes nouvelles acquisitions. » Aussi, du 15 septembre au 21 octobre, l’antiquaire dévoile une vingtaine d’œuvres (proposées entre 5 000 et 150 000 euros), réalisées par les plus fameux sculpteurs animaliers de la première moitié du XXe siècle, avec en tête une Poule, 1928, pièce unique en marbre gris de Sandoz, autrefois exposée au Metropolitan Museum of Art de New York, ou un Coq en bronze de Charles Artus, vers 1930. À la Galerie Pascal Cuisinier, c’est René-Jean Caillette (1919-2004) qui est célébré du 9 septembre au 22 octobre. « Même si je ne suis pas sur place au Grand Palais, je souhaite participer à l’émulation suscitée par la Biennale. » Le designer, qui se consacre dès 1937 à la création de modèles de série, est l’auteur de pièces iconiques telles la chaise Diamant ou la table basse GC56 à l’épaisse dalle de verre de Saint-Gobain que montre le galeriste.

D’autres initiatives participent de cette dynamique : la Galerie Kreo réunit 100 pièces de design contemporain et vintage, chacune ayant été exposée une fois à la galerie  depuis 1999 ; Maurizio Nobile met à l’honneur Lelia Caetani, peintre italienne de la première moitié du XXe siècle installée à Paris ; tandis qu’Emmanuel Eyraud consacre la totalité de son nouvel espace, situé 27, rue Saint-Dominique (Paris-7e), à une seule œuvre, un bureau présidentiel en marqueterie de bois précieux s’inscrivant dans l’American Aesthetic Movement, et conçu vers 1880 par Herter Brothers, grande maison new-yorkaise d’ameublement et de décoration. Reste à savoir si les galeries suivront l’annualisation de la Biennale. « Pour l’instant, nous ne savons pas encore », confie Alexis Kugel.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°462 du 2 septembre 2016, avec le titre suivant : La Biennale en galeries

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