Art contemporain

Joan Mitchell contre Joan Mitchell

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2013 - 786 mots

Point d’orgue des vacations de Sotheby’s et Christie’s qui s’annoncent dans un contexte très favorable, deux toiles de Joan Mitchell sont proposées par les maisons anglo-saxonnes.

PARIS - Comment aborder les ventes d’art contemporain parisiennes sans avoir en tête les phénoménaux résultats new-yorkais ? Pas question d’établir un parallèle entre les deux places où les montants ne sont pas comparables, mais les répercussions de l’événement pourraient se faire sentir. Paul Nyzam, spécialiste chez Christie’s, explique « Cela crée un effet signal : l’art contemporain a le vent en poupe. La médiatisation devrait également permettre un approfondissement du marché, avec de nouveaux acheteurs ». Si le climat insufflé place les ventes de Paris sous les meilleurs auspices, la capitale était déjà dans une situation favorable. « Je sens dans le discours des clients que Paris monte en gamme, grâce à la Fiac, à la qualité de la programmation des galeries parisiennes et au rôle joué par les maisons de ventes », analyse Paul Nyzan. À propos d’un public d’acheteurs composé de 60 à 70 % d’étrangers, Stefano Moreni de Sotheby’s parle de « clients qui savent parfaitement ce qu’ils veulent, avec des compétences remarquables. » Au sein des ventes parisiennes à venir, classiques mais solides, c’est l’artiste américaine Joan Mitchell qui est la star du soir chez les deux maisons anglo-saxonnes. Christie’s devance sa rivale avec 51 lots estimés de 14,2 à 20,3 millions d’euros, une estimation supérieure à l’an passé. Dans une vente où les artistes français ou associés à la France (Hantaï, Klein, Soulages, Fautrier, Poliakoff…) sont en bonne place, se distingue Aquarium, huile de Joan Mitchell disposée sur quatre toiles, estimée de 2,2 à 3 millions d’euros. « L’artiste avait des liens très forts avec la France, on note d’ailleurs l’influence de Monet sur cette œuvre », commente Paul Nyzam. Quatre collections sont présentées, dont celle de Dagny et Jan Runnqvist, centrée sur les Nouveaux Réalistes et dont la pièce maîtresse est le lumineux Quinze août de Martial Raysse (est. 1,5 à 2 millions d’euros). Passent également sous le marteau les collections du couple de la Selle ou de Rodolphe Stadler, avec notamment Chiinsei Hakukada, une huile de l’artiste Gutaï Kazuo Shiraga (est. 600 000 à 800 000 euros). La Nana danseuse de Niki de Saint Phalle, issue des collections du Perez Art Museum et attendue entre 800 000 et 1,2 millions d’euros, pourrait battre le record de l’artiste.

Le symbole des années 1950-1970

Sotheby’s compte sur 10,3 à 14,7 millions d’euros, un total à peu près équivalent à ses dernières ventes parisiennes, pour une vente plus sélective de 32 lots. « Nous visons la qualité plutôt que la quantité », commente Stefano Moreni. Pour le spécialiste, l’ensemble « donne une bonne idée du climat culturel en France dans les années 1950 à 1970 avec beaucoup d’artistes liés à Paris, plus par la culture que l’origine ou la nationalité ». Qui mieux que Joan Mitchell pour illustrer ce propos ? L’artiste est, comme chez Christie’s, la star de la vente avec la monumentale toile La Grande Vallée exécutée en 1983 (est. 1,5 à 2 millions d’euros). Issue du prestigieux cycle éponyme, l’œuvre a été exposée au Whitney Museum (New York) et est restée dans les mêmes mains depuis 1984. Au sein d’une vente où les collections sont très présentes, on remarque un beau Soulages de 1957, Peinture 195 X 130 cm (est. 1,3 à 1,8 million d’euros). « Nous aurions pu le vendre à Londres, mais la collection était mieux placée à Paris, et la date de création du Soulages marque le début des années les plus importantes de l’artiste », note Stefano Moreni. Sont encore attendus Temple sicilien de Nicolas de Staël, (est. 800 000 à 1,2 million d’euros), 1.12.64 de Zao Wou-Ki (1 à 1,5 million d’euros) ou m. a. 5 Mariale, rare toile de Simon Hantaï (est. 500 000 à 700 000 euros). Artcurial propose de son côté une vente du soir de 29 lots, estimée 4,2 millions d’euros. La vacation est marquée par la présence de la collection de Claude et Micheline Renard, mais aussi de celle de Dina Vierny, dispersée en grande partie dans la vente d’art impressionniste et moderne. Issue de cet ensemble, Liberté II-1991 de Kabakov est la pièce maîtresse (est. 600 000 à 800 000 euros). On note également la présence d’un relief en bois peint du Brésilien Sergio Camargo (est. 400 0000 à 600 000 euros) et d’une composition de Poliakoff de 1967 (est. 350 000 à 400 000 euros).

* Tous prix annoncés hors frais

ART CONTEMPORAIN, VENTE DU SOIR, le 3 décembre à 19h,

chez Sotheby’s, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, www.sothebys.com

Expert : Stefano Moreni
Estimation : 10,3-14,7 millions d€ (hors frais)
Nombre de lots : 32

ART CONTEMPORAIN, VENTE DU SOIR,

le 4 décembre à 19h, chez Christie’s, 9 avenue Matignon, 75008 Paris, www.christies.com

Expert : Paul Nyzam
Estimation : 14,2-20,3 millions d’€ (hors frais)
Nombre de lots : 51

ART CONTEMPORAIN, VENTE DU SOIR,

le 2 décembre à 20h, chez Artcurial, 7 Rond-Point des Champs Elysées 75008 Paris, www.artcurial.com

Expert : Martin Guesnet
Estimation : 4,2 millions d’€ (hors frais)
Nombre de lots : 29

Légende photo

Joan Mitchell, Aquarium, 1967, huile sur toile, 162 x 488 cm, 2 2 000 – 3 000 000 euros, vente du 4 décembre, Christie’s, Paris. © Christie’s Images Ltd.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°402 du 29 novembre 2013, avec le titre suivant : Joan Mitchell contre Joan Mitchell

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