Le peintre australien dévoile à Paris une douzaine de toiles vibrantes, inspirées par la tapisserie et traversées par la lumière.
Paris. Entre la peinture aborigène et la tapisserie. À l’évocation de ce raccourci singulier que suggèrent à première vue ses toiles, Gregory Hodge (né en 1982 en Australie) précise : « [la première pratique] relève d’une technique sacrée à laquelle je n’ai pas accès puisque je ne suis pas indigène et que je ne peux pas me l’approprier ». Quant à la seconde, il rappelle qu’à son arrivée à Paris, en 2019, lors de sa première résidence à la Cité internationale des arts sur le site Montmartre (il a bénéficié d’une seconde en 2024,« l’une des premières choses [qu’il a] faites a été de [s]e rendre à la Manufacture des Gobelins et au Musée d’Orsay pour comprendre l’influence de la tapisserie sur les Nabis, Vuillard, Bonnard, Maurice Denis. »
Cette découverte va conduire Hodge – après une période abstraite pour laquelle il revendique Bernard Frize, David Reed et Jack Whitten comme références – à se créer un outil particulier, un pinceau cranté comme une sorte de raclette, pour peindre ces milliers de hachures à l’acrylique caractéristiques de son travail actuel. Un peu plus épaisses que des fils de laine, d’une précision et méticulosité folles, elles lui permettent de jouer avec les tonalités et de créer des effets étonnants, à l’exemple de ce rapprochement entre un vert et un violet qui, comme en tapisserie, tend vers le noir. Ce maillage plus ou moins serré et la superposition de nombreuses couches de peinture donnent en outre l’impression que le tableau est éclairé par-derrière, ce qui augmente l’aspect vibratoire, presque hypnotique, et souvent mystérieux des figures qui ne se révèlent que lorsque le spectateur se recule pour voir de plus loin.
Comme le montre la douzaine d’œuvres ici accrochée pour son premier solo show en galerie à Paris (après une présentation lors de la dernière édition d’Art Paris sur le stand d’Anne-Laure Buffard), ces hachures lui servent aussi d’écriture pour glisser dans les couleurs des figures empruntées à son environnement, soient l’un des pavillons des Buttes-Chaumont à Paris, le bois de Vincennes, des paysages du sud de Sydney. Ces motifs deviennent des prétextes de peinture et surtout un support pour accrocher et peindre la lumière, le vrai sujet de Gregory Hodge. En témoigne notamment cette toile évoquant un simple bouquet de fleurs et intitulée Dried Flowers [voir ill.] à propos de laquelle l’artiste déclare : « Le sujet est kitsch mais il est un véhicule parfait pour la lumière. »
De 2 200 euros pour un dessin à 15 000 euros en moyenne pour une toile, avec une pointe à 30 000 pour la plus grande (2,5 x 1,7 m) vendue à un collectionneur suisse, les prix sont élevés. Mais Gregory Hodge, inconnu en France, est déjà bien installé sur la scène Asie-Pacifique où il travaille avec la galerie Sullivan + Strumpf de Sydney – depuis récemment il est aussi soutenu aux États-Unis par la Nino Mier Gallery de New York. L’une de ses œuvres est d’ailleurs reproduite en couverture d’Australian Abstract, l’anthologie éditée chez Thames & Hudson et consacrée aux peintres abstraits australiens.
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Gregory Hodge, la lumière par le trait
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°657 du 6 juin 2025, avec le titre suivant : Gregory Hodge, la lumière par le trait





