Galerie - Photographie

Frank Horvat, l’homme qui aime les femmes en peinture

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 9 septembre 2020 - 521 mots

PARIS

Le photographe de mode a reconstitué des tableaux célèbres avec des modèles féminins qui lui sont proches.

Frank Horvat (né en 1928) a toujours revendiqué son éclectisme. Photographie de rue, de mode, portrait ou reportage : on ne peut le réduire à un seul genre. La remise en lumière de la série « Vraies Semblances » par la galerie Lelong & Co. le rappelle. Ces portraits célèbres de l’histoire de la peinture qu’il revisite entre 1981 et 1986 dans son studio parisien tranchent avec les scènes de rue de New York captées à la même époque que l’on a pu voir, au début de l’année, à la galerie In Camera.

Quand Frank Horvat entame « Vraies Semblances » en 1981, il a 53 ans et désire « montrer des femmes autres que des “mannequins”, des femmes qui ne se croient pas forcément très belles, mais dont les visages, les attitudes se réfèrent à un ailleurs me rappelant d’autres d’histoires, d’autres vies », explique-il à Photo magazine lors de l’exposition à l’espace Canon, en octobre 1983. Après plus de vingt ans de commandes réalisées pour les plus grands magazines de mode, le photographe a entamé la confection d’un étonnant album à partir de femmes appartenant à son entourage professionnel, familial ou amical. Quelques-uns des plus célèbres portraits de Lucas Cranach l’Ancien, Edgar Degas, Jean-Auguste-Dominique Ingres, Pablo Picasso, Rembrandt, Auguste Renoir, Pierre Paul Rubens, Johannes Vermeer, etc., sont rejoués devant l’objectif dans un grand dépouillement. Alexandra, sa femme, s’empare du rôle de La Maja nue de Francisco de Goya, sa fille Sarah Fiammetta de celui de l’Infante Marie-Thérèse de Diego Velásquez et Rebecca, la costumière, de celui de Madame Récamier de Jacques-Louis David. Le tissu des vêtements, réalisés par Rebecca, a été choisi pour sa capacité à capter la lumière et la toile de fond de couleur unie pour que le regard ne se concentre que sur la femme à contempler. La référence à tel ou tel portrait célèbre est un prétexte pour éclairer la beauté et la personnalité de chacune. Le titre de chaque image porte leur prénom.

Tout est dans la suggestion

« Si je veux faire un portrait faisant penser à un tableau de Renoir, il faut tout d’abord que je m’imprègne de l’œuvre du peintre, que je sache au fond de moi-même et sans la moindre hésitation ce qu’une femme dans un tableau de Renoir ne ferait pas. C’est la limite que j’impose à ma liberté et à celle du modèle. » De fait, le photographe ne recherche pas à faire une copie conforme du tableau, il suggère. Et cette suggestion trouble par la simple présence de ces femmes, tel le portrait Claude d’après Picasso. On n’est pas enthousiasmé par tous les portraits exposés à la galerie Lelong & Co., mais ce musée imaginaire d’un photographe qui aime les femmes n’est pas sans intérêt.

Depuis 1983, cette série n’avait pas été montrée en galerie. On ne retrouvera pas les tirages Fresson d’origine. Les négatifs de « Vraies Semblances » ont été scannés pour l’exposition. Les seize portraits présentés sont des impressions jet d’encre pigmentaires tirées à douze ou trente exemplaires et vendus entre 5 000 et 14 500 euros.

Frank Horvat, Vraies Semblances, 1981-1986,
jusqu’au 10 octobre, galerie Lelong & Co., 38, avenue Matignon, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°550 du 4 septembre 2020, avec le titre suivant : Frank Horvat, l’homme qui aime les femmes en peinture

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