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France-Brésil, enfin !

Après plusieurs années empreintes de frilosité, les galeries françaises seront six à la 10e édition de la foire d’art contemporain SP-Arte de São Paulo, en avril.

São Paulo - Les mots « foot », « plage » et « Coupe du monde » n’ont été prononcés par aucun des galeristes interrogés quand il s’est agi d’évoquer leur présence au Brésil, en 2014, pour la 10e édition de la foire SP-Arte de São Paulo. L’anecdote n’est pas neutre pour qui observe le comportement des marchands français depuis plusieurs années en Amérique du Sud. Le scepticisme originel, devenu bienveillance exotique à l’égard du « géant encore endormi », a finalement laissé la place à une confiance manifeste : São Paulo est une foire au dynamisme aujourd’hui incontesté. Seulement deux en 2013 (sans compter les adoptifs, Marian Goodman et Thaddaeus Ropac), les galeries françaises seront six cette année, parmi les 59 participants internationaux. Comme Londres, Berlin ou Madrid (6 également), les Parisiens sont à peine moins nombreux que les New-Yorkais, fidèles à leur hégémonie continentale (10). Ce n’est que logique, eu égard à l’importance des liens artistiques franco-brésiliens, depuis la mission artistique française du XIXe siècle jusqu’aux années 1960.

« Énergie fantastique »
Qui sont ces galeristes ? D’abord, il y a ceux qui glissent un deuxième orteil pour confirmer la température du marché brésilien. Olivier Antoine, chez Art : Concept, y avance avec humilité : « L’an passé, nous avons testé, fait peu de ventes mais noué des contacts prometteurs. C’est un travail de longue haleine et la foire est très accueillante. Elle est aussi une vitrine pour présenter des artistes – parfois mal assortis au format de la foire – aux institutions sud-américaines. Comme Jeremy Deller, exposé cette année. » Pour Olivier Belot (Yvon Lambert), « avec Miami et son positionnement particulier, São Paulo est de loin la plus aboutie des foires latino-américaines. Il y a ici une énergie fantastique ! Et historiquement, l’Art concret brésilien épouse la ligne conceptuelle de la galerie : nous sommes légitimes pour les artistes brésiliens que nous venons voir, comme pour les collectionneurs brésiliens intéressés par notre travail avec d’autres ». La galerie présentera notamment les photographies des « Xenon Projections » réalisées par Jenny Holzer à Rio et São Paulo. Le rapport à la ville brésilienne sous tous ses aspects (architecture, urbanisme, énergie et violence, identité régionale) est une caractéristique forte des œuvres présentées ici. Un point commun – et un choix rassurant face à des collectionneurs encore mal connus – à presque toutes les propositions françaises, témoin la série des « Villes éteintes » de Thierry Cohen que présente la galerie Esther Woerdehoff.

C’est aussi l’approche choisie par trois autres nouveaux venus, paradoxalement meilleurs connaisseurs du Brésil. Comme si les paris tentés par Yvon Lambert (3e participation) et Art : Concept (2e) avaient signalé aux amoureux transis que le pas était franchissable. En effet, quoi de plus cohérent pour Michel Zlotowski que de présenter un ensemble de Le Corbusier, quand on connaît l’importance du théoricien franco-suisse pour Oscar Niemeyer et le modernisme brésilien ? Il partage son stand avec Natalie Seroussi, dont le fils, au même patronyme (Benjamin), est l’un des commissaires invités en 2014 par la Biennale de São Paulo. Elle-même expose depuis longtemps les Brésiliens fameux : Hélio Oiticica, Lygia Clarke, Ernesto Neto. « Je me suis d’abord passionnée pour l’abstraction géométrique, au début de ma carrière. Aujourd’hui, c’est tout le Brésil qui m’attire et notamment São Paulo, une ville… sauvage ! »

Enfin, la galeriste Agnès Monplaisir est presque une locale. Celle qui parle portugais et passe la moitié de son année à Fortaleza, dans le nord-est du pays, présentera cette année une artiste… colombienne, Olga de Amaral, avec deux expositions personnelles. Un projet rétrospectif a été sélectionné par Rodrigo Moura, curateur des solo shows du rez-de-chaussée ; au premier étage, le stand de la galerie sera pleinement dédié à ses œuvres postérieures à 1990. La galerie s’apprête à tester aussi la foire de Rio et songe à ouvrir une filiale sur place. Le fameux « coût Brésil » (bureaucratie, fiscalité), que tous reconnaissent volontiers, n’entrave visiblement pas les passions suscitées par le pays. « Certes, on attend le retour des œuvres trois fois plus longtemps que lors des autres foires. Mais on revient ! », résume Olivier Antoine.

SP-Arte

Directrice générale : Fernanda D. Feitosa.
Nombre d’exposants : 137
Nombre de visiteurs payants en 2013 : 22 500

SP-Arte

Du 3 au 6 avril, Pavilhão Ciccillo Matarazzo, Parque do Ibirapuera, Portão 3, São Paulo, Brésil,
Jeudi au samedi 13h-21h, dimanche 11h-19h
www.sp-arte.com
plein tarif : 40R$ (12,50 €)

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°410 du 28 mars 2014, avec le titre suivant : France-Brésil, enfin !

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