Foire & Salon

SALON

Fine Arts monte en gamme

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 28 novembre 2019 - 810 mots

PARIS

Un Salon bien organisé, des œuvres de qualité, de belles ventes, mais peu de clients étrangers, pour cette dernière édition au Carrousel du Louvre.

Paris. Le Salon dévolu aux beaux-arts, qui a fermé ses portes le 17 novembre avec 8 500 visiteurs à la clé (soit 30 % de plus), a été salué – tant du côté des marchands que du public – pour sa bonne organisation, une ambiance détendue, ainsi qu’une offre de qualité supérieure à l’an passé.

Le président de la manifestation, Louis de Bayser, a profité du vernissage pour annoncer les changements à venir : le Salon ne se tiendra plus dans les salles du Carrousel, comme actuellement, mais sous une tente aux Invalides. Ce déménagement, doublant la surface d’exposition (2 000 m2), permettra d’accueillir non plus quarante, mais soixante-dix exposants. Autre axe de développement, un partenariat avec LVMH, via la revue Connaissance des arts, a été noué, avec une prise de parts du groupe à hauteur de 49 % – une pratique peu courante en France. « Nous allons pouvoir bénéficier de fonds et donc d’une possibilité d’expansion. En payant de la publicité, en profitant de leur expérience du marketing, cela va nous permettre de faire venir des marchands étrangers », a précisé Gabriel Terrades, membre fondateur. Et d’ajouter : « Ce sont eux qui sont venus nous trouver, sans doute pour dorer leur blason artistique et culturel. »

Pour l’heure, certains stands retenaient l’attention, comme celui de la Galerie Arnaud Charvet avec un ensemble de tableaux représentant des intérieurs de musées ; celui de Fabienne Fiacre avec « Small is beautiful » : le fond du stand réunissait une multitude d’œuvres de petits formats, dont de nombreuses vendues. Sur le stand de la Galerie Sismann trônait un coffret de mariage gothique, à décor héraldique orné des armes des familles Da Bagnaia et Anastasi (Sienne, Italie, début XVe), en très bon état de conservation avec sa polychromie d’origine. « Cette typologie est très rare sur le marché. En vingt-cinq ans, je n’en ai jamais vu. Ils sont tous dans des musées », a a souligné l’antiquaire Gabriela Sismann. La pièce intéressait des musées, ainsi que des collectionneurs français et étrangers (120 000 euros).

Des marchands satisfaits

Dans l’ensemble, les marchands ont bien vendu. Et si le panier moyen des achats se situait autour de 50 000 euros, d’importantes pièces ont été cédées. À la Galerie Mendes, la moitié des œuvres ont trouvé preneur dont Le Banc, d’Édouard Vuillard, acquise dès le vernissage par un collectionneur privé contre une institution (prix demandé : 1 million d’euros). À la Galerie de Bayser, des ventes ont été réalisées tous les jours, entre 2 500 et 450 000 euros pour Le Ruban rose de Pierre Bonnard (vers 1905) acheté par un collectionneur privé. « La toile figurait dans la même collection depuis les années trente. Elle a toutefois été exposée au Musée de l’Orangerie en 1947 et à la Royal Academy of Art de Londres en 1966 », a précisé le galeriste Louis de Bayser.

La galerie Talabardon & Gautier a bien vendu aussi : L’Amour moqueur (1873), une terre cuite de Jean-Baptiste Carpeaux a été emportée par un collectionneur britannique (proposée à 400 000 euros), Les Petits Savoyards de Claude-Marie Dubufe (1820) a été cédé au Musée de Grenoble, tandis que La Vente publique d’Henri-Michel Lévy (1884) a été acquise aux alentours de 200 000 euros. « À la Tefaf de New York, cela a été un peu compliqué. Ici, ça s’est beaucoup mieux passé, ce qui prouve qu’à Paris, on peut vendre, et des choses un peu solides ! », a souligné Bertrand Gautier, membre fondateur du Salon. Quant à la galerie Trebosc et van Lelyveld, elle s’est délestée de huit œuvres dont Le Jeune Oiseleur (1966), un bronze de Charles-Auguste Lebourg – dessinateur des fontaines Wallace – issu de la collection Richard Wallace (30 000 et 50 000 euros) et Portrait d’Amélie de La Lande (1841), un marbre d’Antoine Laurent Dantan dit Dantan l’Aîné, acheté par le Musée d’Orléans.

Un public très franco-français

Même si les exposants ont rencontré quelques clients anglais, belges, italiens ou suisses – il manquait les Américains et les Allemands –, le public était essentiellement français. « Je suis content d’être là et je reviendrai l’année prochaine ; mais ce n’est pas facile, moi qui ne vends que des œuvres belges. Comme au Salon du dessin, je m’attendais à voir une clientèle plus internationale. C’est vrai que c’est un jeune et beau salon, il faut l’encourager », a confié le galeriste Patrick Lancz, qui proposait une aquarelle de Léon Spilliaert, Neptune et Galatée (1922), pour 125 000 euros. « C’est un salon extrêmement bien organisé – un salon de collectionneurs et de musées –, mais un petit peu trop français en ce qui concerne les visiteurs. Dur de faire déplacer les étrangers quand on est seulement quarante. Mais cela va changer l’année prochaine ! », s’est réjoui le galeriste Mathieu Sismann.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°534 du 29 novembre 2019, avec le titre suivant : Fine Arts Paris monte en gamme

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