Ventes aux enchères

ENTRETIEN

Étienne de Baecque : « Je ne suis pas spécialement inquiet »

Commissaire-priseur à Paris, Lyon et Marseille

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 27 février 2025 - 501 mots

Rester généraliste permet de mieux résister aux fluctuations de marché, sans être dépendant d’une spécialité, préconise le commissaire-priseur.

Étienne de Baecque. © D.R.
Étienne de Baecque.
© D.R.
Comment voyez-vous l’année 2025 ?

En 2024, nous étions évidemment inquiets, comme tout le monde, compte tenu du contexte économique mondial. Mais finalement l’année a été assez dynamique pour nous, avec des résultats en hausse (+ 6,6 % pour totaliser 20 millions d’euros). En 2025, nous sommes un peu dans le même contexte qu’au début de l’année 2024, mais je ne suis pas spécialement inquiet.

Le ralentissement de certains secteurs, à l’exemple du haut du panier de l’art contemporain, ou bien de l’art asiatique, dû au fléchissement économique du pays mais surtout aux contraintes administratives imposées par les Chinois pour sortir de l’argent – a été compensé par d’autres secteurs assez solides. C’est l’avantage d’avoir une activité généraliste avec principalement des successions, donc avec des complémentarités fortes et un chiffre d’affaires qui est réparti de manière assez homogène, environ 20 % pour chaque secteur.

Le chiffre d’affaires est concentré depuis une dizaine d’années sur les « top lots » et cela va se poursuivre ainsi. Si nous continuons à expertiser l’intégralité du mobilier, aujourd’hui, nous ne vendons plus que les objets de valeur et avons complètement abandonné l’activité de vente de « petites brocantes ». Sans doute, le secteur du luxe va-t-il continuer de prendre de plus en plus d’importance. Nous, nous faisons trois ventes de luxe « vintage » par an. C’est parfois plus facile de vendre un sac Hermès qu’une commode Louis XVI !

Que vont devoir faire les maisons de ventes pour continuer de résister ?

Dans un marché difficile, quand on a une activité saine, comme nous, avec des successions et des estimations raisonnables, cela se passe assez bien et la croissance est juste ralentie – dans une période plus positive, au lieu de faire + 6 % nous aurions fait + 15 % à 20 %. En revanche, quand vous avez une activité très agressive, que vous êtes prêts à mettre des prix très élevés pour obtenir les lots, dans un marché un peu plus tendu, au lieu d’avoir 80 % d’adjudications, vous n’en avez plus que 50 %. Donc plus l’activité est saine et solide, plus elle résiste. Aussi, il faut conserver des estimations raisonnables, organiser des ventes de spécialité et être très sélectifs. Par ailleurs, je persiste à penser que rester généraliste, continuer à s’occuper de toutes les spécialités en les mettant en valeur, demeure une force, car les années ne se ressemblent pas toujours. Ainsi, quand une spécialité est en baisse, une autre peut la compenser, notamment avec des découvertes. Par exemple cette année, c’est l’art islamique qui nous a apporté le top lot avec un Coran ottoman (adjugé 730 000 € hors frais).

Dans sa globalité, le marché de l’art est relativement résilient. Il n’y a pas eu d’effondrement. Nous avons connu des années d’envolée, avec des secteurs très spéculatifs, donc ces secteurs-là sont en berne – on ne parle plus tellement de NFT ni de ventes de baskets. Ceci est le signe d’un marché un peu moins dynamique, on en revient aux fondamentaux.

Information

Site internet de l'opérateur de ventes De Baecque & Associés : www.debaecque.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : Étienne de Baecque, commissaire-priseur à Paris, Lyon et Marseille : « Je ne suis pas spécialement inquiet »

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