Et Domergue créa la femme mondaine et mutine

L'ŒIL

Le 1 juillet 2006 - 372 mots

Les habitués des salles de vente ont tous déjà croisé un portrait de Domergue. Artiste prolixe, les minois mutins de ses modèles inondent le marché. Comment expliquer une telle profusion ?

Le forçat du portrait… « Domergue pouvait réaliser jusqu’à cinq portraits à l’huile en une journée. La spontanéité du trait allait de pair avec une rapidité d’exécution, confie Noé Willer, expert de l’œuvre de Jean-Gabriel Domergue (1889-1962). Nous recensons aujourd’hui près de 20 000 huiles à son catalogue, sans compter les œuvres sur papier, incommensurables. » D’où la présence incontournable du peintre dans les ventes publiques.
Cinq mille œuvres seraient encore en circulation, prisées par un public américain, avide de l’image type de la Parisienne sophistiquée, au contraire des collectionneurs français, davantage intéressés par les œuvres abstraites du xxe.

Souvent copié, jamais égalé !
« La cote de Domergue s’est élevée jusqu’en 1990, mais stagne depuis une quinzaine d’années », précise l’expert. La fourchette varie selon les thèmes, un petit portrait est généralement estimé entre 3 000 et 5 000 euros, tandis qu’une scène de genre de grand format peut atteindre les 30 000 euros.
Noé Willer déplore une circulation de 10  % de copies. L’apparente facilité d’exécution, les fonds largement brossés et les expressions inchangées ont motivé les faussaires, même si : « Domergue fut souvent copié, jamais égalé, »
Pourtant, conscient de son talent « d’être là où la mode se fait », l’artiste n’aura pas laissé une empreinte pérenne. Et si Domergue ne surprend plus, il ne cesse d’étonner par l’apparition de nouvelles toiles qui étoffent chaque année son catalogue raisonné.

Un talent dévoyé par l’argent
Rares sont les artistes à pouvoir se targuer des enseignements de Degas, réclamer une parenté avec Toulouse-Lautrec et s’enorgueillir d’avoir immortalisé les beautés de son siècle, parmi lesquelles Brigitte Bardot ou Nadine de Rothschild. Domergue est de ceux-là.
À 24 ans, le jeune élève des beaux-arts de Paris devient lauréat du Prix de Rome. Peintre prometteur, son goût des femmes et celui de l’argent le fait  glisser vers une peinture vulgarisée, sérielle, où l’intérêt lucratif prévaut au talent. Abandonnant ses acquis classiques, il se consacre à la recherche picturale de l’idéal féminin. Dès lors, son œuvre ne sera plus que luxe, grâce et volupté.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Et Domergue créa la femme mondaine et mutine

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