Galerie

En tête-à-tête avec Jaume Plensa

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 2 octobre 2025 - 524 mots

La galerie Lelong présente des têtes sculptées inédites de Jaume Plensa qui explore matières et formes.

Paris. Avec cette triple exposition dans tous les espaces de la galerie Lelong, Jaume Plensa nous donne un beau coup sur la tête. Dans tous les sens du terme puisque c’est essentiellement de têtes dont il s’agit principalement créées pour l’événement.

Dans la galerie de la rue de Téhéran, l’artiste espagnol (né en 1955) a réalisé cinq sculptures en albâtre, un matériau qui lui offre de nouvelles expérimentations, propositions, perspectives. Il lui permet en effet de passer de la verticalité de ses précédents visages à une approche cette fois horizontale. La tête moins haute, moins perchée au sommet d’un cou, semble émerger d’un bloc-socle horizontal, comme posée sur un plateau. Elle est ainsi suspendue entre deux espaces, flottant entre sol et air ce qui accentue sa situation entre deux états : les pieds sur terre si l’on peut dire et l’évanescence. Autrement dit, elle est lourde mais visuellement légère pour mieux exprimer ce moment particulier entre éveil et rêve, ce passage hypnagogique où l’on quitte un monde pour en toucher un autre. À cet égard, le titre « 5 rêves, 5 désirs » est explicite et donne à chacune de ces présences une piste de pensée en fonction du positionnement chaque fois différent des mains qui viennent tantôt prendre le menton, tantôt soutenir la tempe, ou se croiser sous le cou en signe de quiétude.

« J’ai envie d’interpeller le spectateur », précise Plensa, « que chaque tête génère immédiatement un dialogue avec lui, qu’elle l’interroge, le fasse réfléchir ». Et qu’elle le place dans cet état entre extériorité et intériorité – une façon de le faire entrer dans le monde de quelqu’un d’autre – que l’albâtre avec ses qualités de transparence optimise de façon parfaite. L’aspect diaphane est encore augmenté dans le salon de la galerie avec trois petites têtes de profil en verre de Murano, magnifique trompe-l’œil puisqu’elles semblent être en relief alors qu’elles sont plates, un peu à la manière des portraits des pièces de monnaie qui ont toujours fasciné Plensa. Elles sont ici complétées par des dessins et dans la librairie par des gravures et monotypes.

425 000 € pour une tête en albâtre

Dans l’espace de l’avenue Matignon, deux sculptures en fonte de fer rouillé, trois autres en bronze patiné en blanc et une autre en vert, ainsi que trois fers peints évoquant des têtes composées de lettres, véritable écriture de l’artiste, rappellent d’autres aspects de la démarche de Plensa, aussi bien dans les figures que dans les matériaux. Ils complètent l’exposition pour dessiner une belle synthèse des diverses facettes de son œuvre.

De 2 000 euros pour les estampes, très abordables, à 475 000 pour une fonte de fer et 425 000 pour chaque tête en albâtre les prix des sculptures sont eux élevés. « C’est l’un des sculpteurs internationaux les plus établis, avec une étendue géographique très large, de l’Asie aux États-Unis qui sont des marchés prescripteurs », précise François Dournes, le directeur général de la galerie. En outre, Plensa a de nombreuses importantes sculptures dans l’espace public dans le monde entier qui ont contribué à sa reconnaissance.

JAUME PLENSA, 5 RêVES, 5 DéSIRS,
jusqu’au 25 octobre, galerie Lelong, 13, rue de Téhéran et 38, avenue Matignon, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°662 du 3 octobre 2025, avec le titre suivant : En tête-à-tête avec Jaume Plensa

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