Déploration en ivoire

Découvert chez des particuliers lors d’un inventaire par la commissaire-priseur Agnès Carlier – basée à Saint-Étienne, celle-ci fait partie de l’association Ivoire rassemblant quatorze opérateurs de ventes français –, ce bas-relief en ivoire finement sculpté n’est jamais apparu sur le marché. Non signé, les propriétaires ignoraient de quoi il s’agissait.

Leonhard Kern (1588-1662) est issu d’une grande famille de sculpteurs, originaire de Forchtenberg en Allemagne du Sud (Souabe). Fils d’un tailleur de pierre, il se spécialise dans la sculpture de petit format, en ivoire, bois fruitier, albâtre ou bronze, avec pour thèmes des sujets religieux, comme ici, ou profanes. L’expert Laurence Fligny a pu attribuer cette Déploration en la confrontant à deux autres variantes du même sujet conservées au Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Depuis une quinzaine d’années, Leonhard Kern est très recherché par les collectionneurs. « Des publications ainsi que des expositions ont permis de faire sortir cet artiste de l’ombre », explique l’expert. Et d’ajouter : « Deux ou trois œuvres importantes de lui arrivent sur le marché chaque année. » Très bon ivoirier, il maîtrise ici parfaitement les drapés, les visages, le traitement des cheveux, la mise en scène et l’expression dramatique des personnages.

Cette Déploration est assortie d’une estimation très basse mais pourrait sans doute atteindre 30 000 à 50 000 euros. En 2011, un groupe en ivoire représentant probablement un groupe du Massacre des Innocents a été adjugé 301 000 euros chez Christie’s Paris.