Damien Hirst électrise Christie’s

Le (hot) \"spot\" de l’année à Londres

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 431 mots

La première apparition en vente publique d’une œuvre de Damien Hirst, une peinture de sa série \"Spot\", a embrasé l’assistance de la vente d’art britannique de l’après-guerre et contemporain organisée le 22 mai à Londres chez Christie’s.

LONDRES (de notre correspondant) - La vente de routine d’art britannique de l’après-guerre et contemporain – catégorie définie il y a six ans pour regrouper les artistes qui ne sont pas encore célèbres internationalement ou dont la cote reste insuffisante –, organisée par Christie’s le 22 mai, s’est brusquement animée lorsque cinq amateurs se sont passionnés pour une peinture pharmaceutique ou peinture "spot" de Damien Hirst, estimée entre 8 000 et 12 000 livres.

Mise en vente par un collectionneur allemand anonyme, avec deux toiles abstraites de Callum Innes, deux reliefs sculptés de Langlands et Bell, ainsi que deux peintures-sculptures de Julian Opie, c’était la première œuvre de Damien Hirst à être mise aux enchères. Un enchérisseur par téléphone, appelant d’Italie, a enlevé la pièce pour 28 000 livres (224 000?francs). Frais compris, soit 32 000 livres (256 000 francs), il a payé exactement le double du prix demandé pour une œuvre équivalente par la Galerie White Cube, qui représente Damien Hirst.

Les opinions sont très partagées tant sur la manière dont la toile a été mise en vente que sur le résultat obtenu. Le marchand londonien Ivor Braka, qui avait espéré l’acquérir, a confié : "Le prix est raisonnable. Hirst est maintenant un artiste confirmé dont la production évolue, et ses peintures "spot" sont une partie importante de sa production". Mais d’au­tres spécialistes se demandent pourquoi Chris­tie’s a ac­cordé un traitement royal à une composition décorative qui était loin d’être unique. Selon certaines estimations, Hirst au­rait produit cent toiles de cette série durant les sept ou huit dernières années, et la décision de la maison de vente d’accrocher la toile sur fond de velours noir et de la protéger du public par un cordon peut apparaître comme une mise en scène excessive.

Un Frink ravalé
Par ailleurs, une peinture monochrome de Frank Auerbach provenant d’une collection particulière américaine, Carreras Fac­tory, Mornington Cres­cent (1961), estimée entre 50 000 et 70 000 livres, a été adjugée 170 000 livres (1,36 million de francs), soit le prix le plus élevé atteint au cours de l’après-midi. Lying Down Horse (Cheval couché) d’Eli­sabeth Frink, estimé entre 90 000 et 130 000 livres, a été vendu 98 000 livres (784 000 francs), mais l’une des sculptures les plus significatives de sa carrière, Horse and Rider (Cheval et cavalier), estimée entre 140 000 et 180 000 livres, n’a pas trouvé d’amateur.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Damien Hirst électrise Christie’s

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