Chine

China Guardian s’installe à Hongkong

Par Marie Flambard · Le Journal des Arts

Le 19 septembre 2012 - 523 mots

Le nouvel eldorado du marché de l’art va accueillir la quatrième maison de vente mondiale.

Hongkong - Le marché des ventes aux enchères a littéralement explosé ces cinq dernières années à Hongkong. Pour Sotheby’s et Christie’s, installées respectivement depuis 1973 et 1986 dans la ville portuaire, leurs résultats y ont pris une tout autre tournure depuis l’arrivée des Chinois dans le marché de l’art, à la fin des années 1990. En 2011, les ventes de Sotheby’s ont rapporté plus d’un milliard de dollars et celles de Christie’s, près de 900 millions de dollars. Le port franc, qui est aussi le principal centre financier chinois, occupe une situation géographique stratégique, facilitant la venue de collectionneurs de toute l’Asie du Sud mais également d’Australie, du Japon, de Taïwan et de Corée. Depuis un an et demi, les grandes galeries occidentales prennent leurs quartiers dans la ville. L’américaine Gagosian vient d’être rejointe par l’anglaise White Cube et le français Perrotin. En mai 2013, ce sera au tour de la foire internationale d’art contemporain Art Basel de décliner sa version asiatique.

Une « sécurité juridique »
Attirée par cet important rayonnement international, la société de vente aux enchères pékinoise China Guardian Auctions, dirigée par Yannan Wang, fille de l’ancien dirigeant communiste Zhao Ziyang, organise dès octobre ses premières ventes à Hongkong. À l’échelle mondiale, la maison de vente établie en 1993 se situe à la 4e place derrière Sotheby’s, Christie’s et Poly International avec des recettes s’élevant à 1,41 milliard d’euros en 2011. Son expansion fulgurante n’a reposé jusqu’à maintenant que sur ses ventes de Pékin, les différents bureaux à l’étranger, comme celui de New York ou de Tokyo, ne servant qu’à collecter les œuvres d’art pour les vendre ensuite dans la capitale chinoise.
Selon Philippe Koutouzis, directeur de la galerie Feast Project, « China Guardian veut légitimement augmenter ses parts de marché tout à se conformant à la doctrine de “l’engagement de l’Occident” édictée par Jiang Zemin [président de la République populaire de Chine entre 1993 et 2003] et qui vise à satisfaire de l’extérieur les intérêts de la nation chinoise tout en préservant à l’intérieur son modèle ».

Très optimiste, François Curiel, président de Christie’s Hongkong, ne redoute pas cette concurrence : « La présence de Guardian va nous aider à familiariser de nombreux clients de Chine continentale avec le concept de la vente aux enchères, qui est nouveau pour eux et quelque fois un peu mystérieux. » Il ajoute que, « avec Poly, l’autre grande maison chinoise, qui a annoncé son arrivée en novembre, Hongkong ne peut que se développer afin que son volume de ventes rejoigne rapidement celui de ses grandes sœurs de Londres et New York. » Un autre fin connaisseur de la région voit dans cette arrivée un avantage supplémentaire : « Son installation va offrir aux vendeurs la sécurité juridique et la transparence de Hongkong, quasi inexistantes en Chine continentale. »
Cependant, y aura-t-il de la place pour tout le monde dans un marché certes explosif mais qui pourrait se retourner en raison des multiples impayés, de la corruption endémique et des menaces de ralentissement qui planent sur l’économie chinoise ?

Légende photo

Une vue de l'île de Hong Kong. En arrière-plan, le port de l'île de Victoria et Kowloon. - © Photo Chensiyuan - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°375 du 21 septembre 2012, avec le titre suivant : China Guardian s’installe à Hongkong

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