Ventes aux enchères

Catherine Yaiche : « Paris est désormais une place de vente attendue pour nos clients »

Commissaire-priseuse chez Bonhams à Paris

Par Marie Potard · lejournaldesarts.fr

Le 17 mai 2021 - 860 mots

Bonhams met en place ce printemps un calendrier de ventes dans la capitale française et aménage ses locaux à cet effet. Une annonce s’inscrivant dans la stratégie d’extension de la maison de ventes britannique. 

Marie Potard : Comment s’est passée l’année 2020 pour Bonhams ?
Catherine Yaiche​​​​​​​ : 
L’année a très bien commencé en février avec la vente d’automobiles de collection au Grand Palais (19,3 M€). Puis nous avons eu un moment de ralentissement d’un mois et demi à la suite du premier confinement, comme la majorité des entreprises. Mais dès le mois de mai, Bonhams a su, grâce à sa transformation numérique, organiser des ventes hybrides, c’est-à-dire en huis clos « live », généralement depuis Londres. Grâce à cela, nous avons réalisé une très bonne année ; en tant que société privée, nous ne communiquons pas les chiffres [508 M€ en 2019 selon le Conseil des ventes volontaires, ndlr]. Parallèlement, nous avons augmenté la cadence des ventes « online » et des ventes de gré à gré.

Quel est le positionnement de Bonhams par rapport à ses concurrentes anglo-saxonnes ?
Ce qui fait notre spécificité, c’est la diversité des départements avec plus de 60 spécialités. À côté des collections, nous avons de nombreuses « niches » parmi lesquelles la numismatique, les armes et armures, ainsi que des ventes thématiques dont l’art africain contemporain, l’art californien, l’art irlandais. Nous ne faisons pas à proprement parler de ventes classiques, nous essayons à chaque fois de trouver une thématique, comme les ventes « British cool » (culture anglaise), « Les peintres juifs de l’école de Paris » ou « Gentleman Library » (cabinet d’un amateur). Nous sommes également positionnés sur le « middle market », en nous concentrant sur les œuvres qui ont un intérêt historique et artistique.

Pourquoi avoir décidé d’organiser des ventes à Paris maintenant ?
Nous comptons en tout huit salles de vente dans le monde : deux à Londres, une à New York, Los Angeles, Hongkong, Sydney, Paris et Édimbourg. Bonhams a des bureaux à Paris depuis 2005 et y a depuis organisé des ventes automobiles, ce n’est donc pas totalement nouveau.
En 2018, Epiris, un fonds d’investissement privé britannique, a racheté Bonhams. Ce fonds a de l’ambition et sa stratégie est de s’étendre géographiquement, donc pas uniquement à Paris. Cela passe par un recrutement de spécialistes en Europe et un renfort des équipes en Angleterre et aux États-Unis, mais aussi par des acquisitions, telles que TheMarket, une plateforme de ventes de voitures en Angleterre. Paris est désormais une place de vente attendue et supplémentaire pour nos clients. Cela arrive aujourd’hui, mais c’était inscrit dans la logique de croissance du groupe. Ce n’est pas le Brexit en particulier qui nous a fait adopter cette stratégie. Notre P.-D.G., Bruno Vinciguerra, est français. Il est basé à New York mais a longtemps travaillé en France et connaît le potentiel de Paris et son importance dans le marché de l’art.

Des aménagements sont-ils prévus dans vos locaux parisiens ?
Nous sommes en plein travaux ! Nous restons au 4, rue de la Paix [Paris-2e], notre adresse prestigieuse, où nous sommes installés depuis 2005, mais nous avons pris des bureaux supplémentaires à l’étage. Le rez-de-chaussée que nous occupions auparavant sera destiné aux expositions et, d’ici à la fin de l’année, aux ventes. En attendant, celles-ci auront lieu à l’hôtel Park Hyatt, en face de nos bureaux.

Comment allez-vous répartir les ventes ?
Nous avons un service global. Nous réfléchissons avec le client et les spécialistes à l’endroit où l’objet se vendra le mieux. Et quand une spécialité fonctionne dans un pays, nous poursuivons l’expérience dans un autre pays, en l’adaptant. Par exemple, nous avons des ventes d’art africain contemporain à Londres depuis longtemps – nous sommes précurseurs dans le domaine. Ensuite, nous en avons programmé à New York et, étant donné les liens qui unissent la France à l’Afrique et aux artistes africains francophones, il est logique d’en programmer à Paris. La première aura donc lieu en novembre 2021. Même logique pour les ventes de luxe : nous en avons déjà à Londres, Hongkong, New York et Sydney. À Paris, nous avons lancé notre première vente « online » de bijoux et sacs (du 6 au 14 mai) tandis que nous exposons dans nos locaux les montres, que nous vendrons en « live » le 20 mai. Nous orchestrerons des ventes thématiques : le 19 mai, il y aura une vente consacrée à l’art grec ; le 10 juin, ce sera une vente en ligne d’art himalayen, bouddhiste et hindou, et cet automne plusieurs vacations sont déjà programmées : l’une autour de Cocteau et de « l’art du temps » en octobre, et une autre de vins en novembre. Bien sûr, les ventes de voitures de collection restent une spécialité phare à Paris. Ainsi, pour la première année à Paris, il y a déjà une dizaine de ventes inscrites au calendrier (sur 400 par an environ au total pour le groupe).

Quelle est la stratégie de Bonhams en France ?
​​​​​​​Le fait de pouvoir exposer dans nos locaux parisiens les œuvres à vendre « online » ou en « live », d’apporter des ventes en France qui s’inscriront dans un projet global et d’avoir sur place des spécialistes dans certains domaines comme dans l’art du XXe siècle (Émilie Millon), les montres (Alexandre de Lamberterie), l’art contemporain africain (Julie Mathon), les voitures (Loïc Maschi) ou encore le vin (Jérôme Fouillade), renforcera notre proximité avec les clients.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°567 du 14 mai 2021, avec le titre suivant : Catherine Yaiche : « Paris est désormais une place de vente attendue pour nos clients »

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