Foire d’antiquaires

Brava Brafa !

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 1 février 2012 - 760 mots

La foire belge dont le rayonnement ne cesse de progresser a enregistré
un niveau honorable de transactions commerciales.

BRUXELLES - La Brafa (Brussels Antiques & Fine Arts Fair) monte en gamme et s’embellit. Les organisateurs belges ont largement communiqué sur leur repositionnement, et le bouche à oreille aidant, cela a porté ses fruits, du 21 au 29 janvier. « Certains jours, nous avons enregistré jusqu’à 30 % de fréquentation supplémentaire par rapport à l’an dernier, observe Bernard de Leye, président de la Brafa. Il y a eu des points rouges [code signalétique placé sur le cartel d’une œuvre indiquant une vente conclue] partout. J’ai moi-même bien travaillé. »

« Je suis venu par curiosité parce qu’on m’avait dit que la foire était devenue intéressante qualitativement. Je découvre une très belle foire de province qui n’a pas encore la stature d’une vraie grande foire européenne. Elle est très inégale en qualité selon les spécialités, mais avec quelques vrais points forts comme en arts premiers », nous rapporte sans complaisance un amateur français habitué de la foire de Maastricht et de la Biennale à Paris, venu pour la première fois à la Brafa. Il est vrai que la section consacrée aux arts premiers, avec six exposants de renom, était remarquable.

Pièces de qualité
« Les gens demandent des objets de qualité », lance le Canadien Jacques Germain qui a vu partir le soir du vernissage, l’une de ses pièces maîtresses, une figure de reliquaire byeri Fang Mvaï du Gabon de la collection new-yorkaise Klejman. Le Bruxellois Didier Claes qui présentait deux belles collections européennes d’art africain, avait quasiment tout vendu en quelques jours. Le cheikh Saoud al-Thani du Qatar, habitué des salles de ventes, y a fait quelques achats. Le stand de Pierre Dartevelle, avec ses petites niches isolant chaque pièce comme un trésor, était des plus beaux. Lui aussi a fait un carton en cédant plusieurs objets de qualité muséale : une rarissime grande statue Nok en terre cuite du Nigéria en position de penseur, dont la datation a été scientifiquement établie à plus de 1600 ans ; un petit fétiche songyé du Congo au visage entièrement clouté ; une émouvante petite porteuse de coupe lwalwa du Congo ou encore une sculpture en bois djennenké du Mali, datée du XIIe-XIIIe siècle d’après une étude au carbone 14. L’archéologie qui était également bien représentée, n’a pas démérité. Plusieurs pièces importantes ont été emportées sur le stand de la galerie américano-suisse Phoenix. Sur une mise en scène originale, la galerie parisienne Chenel montrait des marbres et reliefs antiques en correspondance avec des grands tirages photographiques noir et blanc montrant ces mêmes œuvres, même si « la clientèle était in fine bien différente pour l’archéologie classique et pour la photographie », confie Ollivier Chenel. Le Parisien Antoine Barrère n’a pas manqué d’imagination pour mettre en valeur un exceptionnel ensemble inédit de sculptures bouddhiques du Gandhara, lequel a été très remarqué malgré une faiblesse commerciale due à l’absence de collectionneurs américains sur la foire. Preuve que la Brafa a encore des efforts à faire pour attirer une clientèle de grands acheteurs internationaux, surtout si elle veut conserver les grands antiquaires qui font aujourd’hui sa réputation.

Résultats inégaux
Dopé par un marché actif en Europe du nord, le domaine de la haute époque a fait florès. Tout comme les galeries belges présentant des peintures XIXe très décoratives d’un style pompier que beaucoup de Belges adorent, et dont la surreprésentation à la Brafa étonne toujours le visiteur étranger. Pour le reste, les résultats commerciaux ont été inégaux. Le jeune antiquaire parisien Oscar Graff a vendu tous ses luminaires Art & Craft, mais peinait pour ses meubles. La galerie parisienne Marcilhac a connu plus de succès avec la réédition de 2011 d’un bureau en inox conçu en 1966 par Ben Swildens pour le siège parisien de la société Peugeot (deux exemplaires vendus sur huit) qu’avec ses meubles Art déco. Des verreries de Maurice Marinot, des dessins de Paul Jouve et une sculpture de Gustave Miklos ont néanmoins trouvé preneurs. Alain Berger, très bon antiquaire français spécialisé dans le mobilier XVIIIe et installé à Beaune (Côte-d’Or), a cédé pas moins de dix-sept meubles. « Dans mon domaine, explique-t-il, en plus de la qualité, il faut sortir de l’ordinaire. » Ainsi, une belle commode d’époque Régence aux proportions vraiment exceptionnelles a tapé dans l’œil de Daniel Alcouffe (ancien conservateur du département des Objets d’art du Musée du Louvre), avant d’être emportée par un particulier. Enfin, le galeriste belge Guy Pieters a triomphé avec ses artistes vedettes, Paul Delvaux et Jan Fabre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Brava Brafa !

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