Belgique - Foire & Salon

Foire d’art et d’antiquités

Brafa 2023 : belle édition, belle fréquentation

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 février 2023 - 921 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

La foire belge a inversé en dix ans les poids respectifs de l’art ancien et de l’art moderne, au bénéfice de l’art du XXe siècle.

Vue de l'édition 2023 de la Brafa à Bruxelles. © Olivier Pirard
Vue de l'édition 2023 de la Brafa à Bruxelles.
© Olivier Pirard

Bruxelles. Les organisateurs de la Brafa – qui a refermé ses portes le 5 février à Brussels Expo – peuvent être satisfaits. La foire a non seulement retrouvé son niveau de fréquentation prépandémie, soit 65 000 visiteurs (essentiellement européens), mais, de l’avis général, elle était belle. Oubliés les couacs de l’édition de juin. Le grand hall d’entrée vide a été comblé cette année par la location d’espaces supplémentaires pour installer les 128 exposants (contre 115 en juin), ceci dans des stands plus vastes que sur l’ancien site de Tour & Taxis. Une décoration colorée accueillait les visiteurs, qui, pénétrant au cœur de l’exposition, retrouvaient l’esprit de la foire belge : ses installations florales, ses jeux de lumière et son fameux tapis, cette fois inspiré de motifs de Victor Horta. 

Dans le premier hall, 50 stands prenaient place, donnant une impression d’espace avec des allées très aérées, quand le second hall, plus petit, accueillait 78 stands. L’organisation a été unanimement saluée par les exposants et les visiteurs. « L’ambiance était très conviviale, les organisateurs ont mis le paquet au niveau de la décoration et le dîner de gala était formidable ! », s’est réjoui le marchand genevois Charly Bailly. « Nous avons eu beaucoup de compliments. Pour moi, c’était la plus belle Brafa jamais organisée depuis dix ans que je suis président », s’est félicité de son côté Harold t’Kint de Roodenbeke.

Une foire moins généraliste qu’autrefois
En parcourant la foire, le visiteur ne pouvait s’empêcher de remarquer que l’art impressionniste, moderne et contemporain a pris le pas sur les autres spécialités. En particulier l’art moderne, puisque les galeries montrant exclusivement de l’art contemporain n’étaient que dix. En près de dix ans, la tendance s’est inversée : à nombre égal d’exposants, la Brafa de 2014 ne comptait que 38 galeries spécialisées en art du XXe siècle. Cette année, 34 galeries étaient dévolues à l’art ancien (tableaux, mobilier et objets d’art), soit 25 % du nombre total des galeries, contre 45 % pour l’art impressionniste, moderne et contemporain. Une réalité renforcée par l’absence des galeries d’archéologie. « Ce manque est un vrai préjudice car cela apportait de l’éclectisme et de la clientèle », regrettait le marchand d’art africain Didier Claes, vice-président de la manifestation. « La foire n’est plus aussi éclectique qu’avant. Elle mériterait qu’il y ait un peu plus d’ancien, surtout en mobilier. La balance est un peu déséquilibrée et on se sent un peu noyés », déplorait quant à lui le marchand de tableaux et mobilier anciens belge Cédric Pelgrims de Bigard.

Rares sont les passerelles entre ces spécialités, très cloisonnées. « L’art ancien et l’art moderne sont clairement séparés. Nous n’avons pas de collectionneurs de peinture flamande qui achètent chez nous », a témoigné Alexandre Fleury (A&R Fleury, Paris), qui a vendu des œuvres à des prix entre 100 000 et 400 000 euros. « Nous avons affaire à une clientèle classique uniquement », a attesté Nicolas de Ghellinck (Theunissen & de Ghellinck, Bruxelles), spécialisé en mobilier ancien. En revanche, « il y a des passerelles entre l’art contemporain, le design et l’art africain. J’étais à côté d’une galerie d’art africain et en face d’un stand qui exposait du design et nous avons les mêmes clients ! », a indiqué Rodolphe Janssen (Bruxelles), qui s’est séparé d’une trentaine d’œuvres, entre 30 000 et 60 000 euros chacune, et montrait en pièce phare un Bouddha en lotus, 2001, de Ming (300 000 €). Quant à organiser deux salons distincts, personne ne l’envisage : « Il n’y a pas de place dans le calendrier et c’est beaucoup trop de travail. »

Peu d’œuvres muséales
« La foire est belle mais elle manque un peu d’œuvres muséales. La Tefaf de Maastricht est dans un mois alors les marchands ont gardé leurs belles pièces », relevait un connaisseur du marché. Pour autant, les exposants étaient tous satisfaits du niveau des transactions – généralement en dessous de 400 000 euros –, même si la plupart des pièces importantes, car il y en avait quelques-unes tout de même, sont restées sans acheteur. On trouvait ainsi, notamment en art du XXe, chez Bailly Gallery, La Toilette, vers 1902-1905, de Henri-Edmond Cross, une œuvre de transition entre le pointillisme et le fauvisme, affichée à un peu moins de 3 millions d’euros, et, à la galerie Stern Pissarro (Londres), un Nu debout à l’essuie-main, vers 1924, de Bonnard, à plus de 3 millions d’euros. Sur le même stand la toile Glass, de Yayoi Kusama, partait autour de 450 000 euros. 

Samuelis Baumgarte (Bielefeld, Allemagne), qui présentait plusieurs mobiles de Calder dont The Red Cressent, 1969, affiché à 5,4 millions d’euros, vendait Twisted Tail, de 1968 (à plus de 1 M€ tout de même), tandis que Guy Pieters (Knokke-le-Zoute) faisait un carton – avec plusieurs millions d’euros d’œuvres vendues – dont un Mouton de François-Xavier Lalanne. De son côté, le Marseillais Alexis Pentcheff vendait sa pièce phare, Le Pont de Labastide-du-Vert en fin d’automne, d’Henri Martin (1860-1943), pour un peu plus de 200 000 euros, ainsi que plusieurs céramiques de Victor Brauner (entre 20 000 et 40 000 €) ; tandis que la galerie Dina Vierny (Paris) cédait un tiers de son stand pour des prix allant jusqu’à 300 000 euros, dont une Ève à la pomme d’Aristide Maillol ayant appartenu à Raoul Dufy.

En art ancien, un très beau tableau de Bartolomeo Manfredi, Le Déni de saint Pierre, vers 1618-1620, autrefois attribué au Caravage, était affiché à 1,8 million d’euros chez Giammarco Cappuzzo (Londres), quand la galerie Costermans vendait pour un prix non divulgué son œuvre phare Moïse frappant le rocher, une huile sur panneau de Frans Francken le Jeune (1581-1642). Röbbig München (Munich), de son côté, cédait un groupe en porcelaine de Meissen, XVIIIe siècle, de Johann Joachim Kaendler pour 220 000 euros.
 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°605 du 17 février 2023, avec le titre suivant : Brafa 2023 : belle édition, belle fréquentation

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