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TOUR DES EXPOSANTS

Brafa 2019 : les perles de la 64e édition

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 17 janvier 2019 - 1346 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

Au fil des stands, le visiteur peut admirer des œuvres soigneusement choisies par les marchands, en raison soit de leur importance historique, soit de leur rareté ou encore de leur aspect très décoratif.

Bruxelles.À taille humaine, même si 133 stands, ce n’est pas rien, la foire belge peut se visiter en une journée. Mais rien n’empêche d’y revenir plusieurs fois, pour le plaisir, dans l’espoir d’y faire de bonnes affaires ou bien encore pour y dénicher la perle rare parmi les milliers d’œuvres proposées.

Les férus d’art des XXe et XXIe siècles ont l’embarras du choix tant l’offre est importante dans ce domaine. Toutefois, pour les amoureux de l’art belge, la Brafa est indiscutablement la foire numéro un. Non seulement les marchands belges en profitent, heureux de pouvoir mettre en avant leur spécialité, mais les marchands étrangers aussi puisqu’ils ne sont pas sans ignorer que les visiteurs sont en partie… belges. Chez Harold t’Kint de Roodenbeke (Bruxelles), on peut ainsi découvrir un pastel de l’artiste symboliste Fernand Khnopff, Le Lac d’Amour à Bruges, 1904 (autour de 150 000 €), en écho avec l’exposition organisée actuellement (et jusqu’au 17 mars) au Petit Palais à Paris. La galerie londonienne Stern Pissarro, qui revient à Bruxelles pour la cinquième année consécutive, met en lumière une œuvre de Paul Delvaux, Le Balcon, 1948, « fraîche sur le marché, conservée dans une collection asiatique depuis les années 1980 », précise la galerie (autour de 2,8 M€). D’autres Delvaux sont essaimés sur la foire, comme à la Galerie des Modernes (Paris) avec une étude à l’aquarelle et encre sur papier de 1963 (moins de 150 000 €) pour le tableau Le Veilleur. Pièce phare du stand d’Oscar De Vos (Sint-Martens-Latem), La Faneuse, 1896, d’Émile Claus – fondateur du mouvement du Luminisme – est proposée à plus de 1 million d’euros.

Au-delà de l’art belge, il faut se rendre chez l’allemande Die Galerie (Francfort-sur-le-Main) pour contempler une toile de Karel Appel, Enfants mendiants, 1948 (450 000 €) ; chez Opera Gallery (Genève) qui dévoile Nu au soleil couchant, 2002, de Tom Wesselmann, et Peinture 92 x 130 cm, 24 avril 1994, de Pierre Soulages, deux huiles affichées à plus d’1 million d’euros chacune. Brame & Lorenceau (Paris) mise sur L’Air Solaire de Victor Brauner, 1962 (200 000 €), alors que la Galerie de la Présidence (Paris) montre Variation sur un rectangle, 1957, de Jean Fautrier, œuvre où la subtilité des tons s’oppose à la force de la matière (autour de 280 000 €).

Profitant du coup de projecteur de la Brafa sur les artistes Gilbert & George, la galerie Bernier/Eliades (Bruxelles) expose trois de leurs œuvres issues de la série « Beard Pictures » de 2018 (de 80 000 à 150 000 €), quand Albert Baronian (Bruxelles) présente Hide, 2008 (autour de 150 000 €). Côté sculptures, un Fennec en bronze daté de 1927, par Raymond de Meester de Betzenbroeck, école d’Anvers, et un Pigeon boulant [voir ill.] en marbre de François Pompon de la même année – une pièce unique restée aux États-Unis depuis sa réalisation – sont respectivement à découvrir chez les parisiens Xavier Eeckhout et Univers du Bronze. Ne pas manquer non plus à la galerie Le Beau (Bruxelles) le fauteuil Big Easy volume 2 de Ron Arad [voir ill.] en acier poli, dessiné en 1988 et édité en 1991 (plus de 100 000 €), et, chez Maison Rapin (Paris), une paire de chenets Anubis, 2018, de Marc Bankowsky (11 000 €) [voir ill.].

Un torse d’Hercule romain

Pour les arts anciens, cet autre pôle fort de la manifestation, il faut aller contempler un torse d’Hercule avec la corne du dieu-fleuve Achéloüs, marbre romain du Ier siècle av. J.-C.- Ier siècle apr. J.-C. (Phoenix Ancient Art), ainsi qu’un autre marbre romain du Ier siècle représentant cette fois Athéna, exposé durant vingt ans au Musée d’art et d’histoire de Genève (Grusenmeyer-Woliner, Bruxelles). La galerie Cybèle (Paris), quant à elle, mise sur neuf outils miniatures pour oushebtis (serviteurs en charge des tâches agricoles dans l’au-delà), Égypte, XIXe dynastie, règne de Sethi Ier, en faïence bleue, provenant de la collection de Charles Bouché (65 000 €). La Galerie L’Ibis (Marrakech), dont c’est la première participation, est venue avec une Mangouste en bronze aux yeux incrustés d’électrum, Égypte, vers 663 av. J.-C., et un bas-relief en grès représentant Néfertiti, vers 1370 av. J.-C.

Chez Mullany (Londres), c’est une Sainte Marguerite en bois, Malines, vers 1510-1520 [voir ill.], qui est mise à l’honneur quand Sismann (Paris) apporte pour sa quinzième participation un Ange en chêne peint, réalisé dans l’entourage de Guillaume Kerricx le Vieux, à Anvers vers 1700 (100 000 à 150 000 €). La peinture n’est donc pas la seule à rendre hommage au pays organisateur de la foire. À la galerie Berger (Beaune) est exposée une grande commode « à la Régence », attribuée à Pierre Migeon, en marqueterie et bronzes dorés, ancienne collection Wildenstein (autour de 100 000 €), tandis que La Pendulerie (Paris) montre Le Chasseur amérindien, une pendule de cheminée en bronze patiné et doré, époque Directoire-Consulat, vers 1800, ainsi qu’une pendule au char représentant Apollon parcourant le Zodiaque par le bronzier Thomire, époque Empire, vers 1805.

Les amateurs de peinture ancienne – un domaine ici très minoritaire – seraient avisés d’attendre la prochaine édition de Tefaf à Maastricht dans quelques semaines. On peut toutefois se rendre sur le stand de Costermans (Bruxelles), qui présente une huile sur cuivre figurant des oiseaux exotiques, de Jan van Kessel le Vieux (1626-1679), ou sur celui de Jan Muller (Gand) qui montre une scène de village de Jan Brueghel le Jeune, peinte dans les années 1630.

Un masque d’épaule Baga à près de 1 million d’euros

Côté arts extra-européens, les arts premiers – toujours en force – promettent de belles découvertes, comme chez le nouveau venu Charles-Wesley Hourdé (Paris), qui expose un masque d’épaule Baga appelé nimba (de même type que celui conservé au Musée Picasso à Paris), proposé à près de 1 million d’euros, ainsi qu’un masque Baoulé, Côte d’Ivoire, collecté avant 1920, pas vu sur le marché depuis trente ans (près de 50 000 €). De son côté, la galerie Montagut (Barcelone) apporte une figure d’ancêtre Djennenké de près de 2 m de haut, Mali, XIVe-XVe siècle, quand Bernard de Grunne (Bruxelles) présente un appui-tête léopard Yaka, RDC, et que Didier Claes (Bruxelles) se concentre sur l’art de se coiffer, avec plusieurs peignes dont un Chokwé, Angola, fin du XIXe (25 000 €). En revanche, les arts asiatiques sont moins bien représentés que par le passé, à la suite du départ des galeries Jacques Barrère et Renaud Montméat (Paris) puisque seuls trois spécialistes ont répondu présent : Christian Deydier, Éric Pouillot et Christophe Hioco, qui vient avec une statue Shalabhanjika en gneiss, Inde, XIe siècle (autour de 50 000 €).

À la Brafa, on trouve naturellement de la bande dessinée, comme sur le stand de Huberty & Breyne (Paris) qui, à côté de créations contemporaines, présente des chefs-d’œuvre de l’âge d’or du 9e art à l’exemple de la couverture du Fantôme espagnol, de Willy Vandersteen, une encre de Chine sur papier réalisée en 1952 pour la première aventure de Bob et Bobette (500 000 €). Pour les amoureux des Lettres, la librairie Lardanchet (Paris) propose une lettre autographe enluminée, adressée par l’artiste Niki de Saint Phalle à Claude Pompidou, épouse du président Georges Pompidou (20 000 €), tandis que la librairie Calliope (Mouscron, Belgique) [stand de la Chambre professionnelle belge de la librairie ancienne et moderne] se targue d’une édition originale de Frankenstein ; or, the Modern Prometheuséditée en 1818 à Londres, en 3 tomes ici reliés en 2 volumes (75 000 €). Des pièces insolites sont encore à chiner, comme chez Theatrum Mundi, ce « cabinet de curiosité du XXIe siècle » basé en Italie, qui expose une combinaison spatiale portée dans le film Alien (1979, réal. Ridley Scott), affichée à 30 000 euros, ou celle de Ben Affleck dans Armageddon (1998, réal.Michael Bay) [70 000 €], un morceau de lune (75 000 €), ou encore, plus conventionnel, un astrolabe attribué à Jean Fusoris, XIVe-XVe siècle (1 M€).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°515 du 18 janvier 2019, avec le titre suivant : Brafa 2019 : les perles de la 64e édition

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