Bijoux : les prix et les saphirs s’envolent

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1996 - 488 mots

Même privés de leur pièce maîtresse, un saphir Kashmir volé à Milan quatre jours avant la vente, l’Étude Tajan et Antiquorum ont réussi \"La Magie de Cartier\". Christie’s remporte un brillant succès avec les bijoux de la milliardaire Mouna Al-Ayoub. La vente Phillips, marquée par un record, a cependant été quelque peu éclipsée par celle de ses concurrents.

GENÈVE - Arsène Lupin l’aurait sans doute réussi, mais Maurice Leblanc l’aurait-il imaginé ? Le 15 no­vembre, vers 14h20, une cinquantaine de visiteurs se pressaient autour des somptueuses pièces de bijouterie et d’horlogerie exposées dans les vitrines de l’hôtel Four Seasons à Milan et destinées à la vente "La magie de Cartier". Soudain, un saphir Kashmir pesant 65,15 carats – le plus gros jamais présenté en vente publique –, monté sur un bracelet Cartier de 1923 tout en saphirs et diamants, estimé 8,2 millions de francs français, avait disparu !

Privée de son lot phare, la vente organisée par l’Étude Tajan, de Paris, et Anti­quorum, de Genève, s’est tenue le 19 novembre à l’Hôtel des Bergues à Genève. Sur les 623 objets, chacun muni d’un certificat d’authenticité fourni par Cartier, 381 pièces se sont vendues pour un total de 18,5 millions de francs suisses (environ 74 millions de francs français), contre une estimation – saphir volé compris – de 80 millions de francs français.

Un collier de l’actrice Merle Oberon comportant 29 grandes émeraudes baroques, estimé entre 1,5 et 2 millions, a été adjugé 2 640 000 francs suisses. Une pendule mystérieuse Portique IV, réalisée à Paris en 1924, a presque doublé son estimation haute à 1 815 000 francs suisses. Des montres-bracelets contemporaines ont également fait d’excellentes enchères : deux Tanks à guichet de 1996, par exemple, l’une en or, l’autre en platine, ont respectivement sextuplé et triplé leur estimation à 104 500 et 83 600 francs suisses. Le mê­me jour, chez Christie’s, les 146 bi­joux de la milliardaire liba­nai­se Mouna Al-Ayoub s’étaient tous vendus pour un total de 15 160 300 francs suisses, environ 20 % au-dessus de l’estimation. (Les résultats de la vente "Magnificent jewels" chez Sothe­by’s à Genève, le 20 no­vembre – estimation globale de 51 à 64 millions de francs suisses –, et chez Christie’s le 21 novembre, avec une estimation similaire, ne nous étaient pas parvenus à l’heure où nous mettions sous presse).

La grande vente de bijoux organisée le 18 novembre par Phillips n’a pas atteint les résultats espérés. Elle a cependant été marquée par un record : un bracelet serti de 25 saphirs Kashmir, d’un poids total de 66,66 carats, a été adjugé 1 488 500 francs suisses à un marchand britannique, triplant son estimation et devenant l’enchère la plus élevée pour un saphir de cette taille. Sur les 422 lots, estimés de 8 à 10 millions de francs suisses, 192 ont trouvé preneur pour un total de 6 276 047 francs suisses (un peu plus de 25 millions de francs français).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Bijoux : les prix et les saphirs s’envolent

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