Ventes aux enchères

Belle année pour les ventes aux enchères en France

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2018 - 830 mots

Pour la première fois, le total cumulé du produit des adjudications des dix premières maisons de ventes françaises passe la barre du milliard d’euros avec une hausse de près de 12 %.

France. Le produit des adjudications cumulées des 10 plus grandes maisons de ventes françaises totalise 1,004 milliard d’euros (frais de vente compris mais hors TVA) pour l’année 2017, contre 899,9 millions d’euros en 2016. Un résultat dénotant une augmentation de 11,6 %. Il s’agit d’un record historique puisque c’est la première fois que le milliard d’euros est dépassé. La dispersion de collections d’envergure et d’œuvres prestigieuses vendues en France et non à Londres ou à New York a permis ce résultat hors norme.

Christie’s, première du classement pour la 3e année consécutive - le trio de tête restant inchangé - pèse lourd dans la balance. Avec 342 millions d’euros récoltés (+ 40 %), elle creuse l’écart avec ses concurrentes, tout en permettant au peloton de tête d’enregistrer une croissance de 15 %. C’est également Christie’s qui a adjugé l’œuvre la plus chère de l’année avec Grande femme II, d’Alberto Giacometti (24,9 M€). Plusieurs dispersions de collections majeures ont nourri ce chiffre d’affaires, comme celles de Jean-François et Marie-Aline Prat (39,5 M€) ou d’Hubert de Givenchy (32,7 M€). La maison de ventes est leader dans presque tous les domaines avec une progression de 40 % en art contemporain (96 M€), notamment grâce à la dispersion de la collection Prat pendant la Fiac (Foire internationale d’art contemporain). « Notre stratégie de mise en œuvre de nos grosses ventes au moment de la grande activité culturelle parisienne fonctionne plus que jamais », indique Édouard Boccon-Gibod, directeur général de Christie’s France. L’exemple le plus probant est la photographie de Man Ray, Noire et blanche, laquelle, à 2,6 millions d’euros, est la photographie de l’artiste la plus chère jamais vendue. « C’est un collectionneur qui n’est pas français qui nous l’a confiée pour la vendre pendant la foire Paris Photo, car il savait qu’à ce moment-là les plus grands acheteurs de photographies seraient présents », rapporte le directeur général.

Sotheby’s arrive en 2e position avec un produit d’adjudication de 246 millions d’euros (+ 12 %), sa meilleure année. Cette hausse s’explique par un nombre plus important de vacations (36 contre 32 l’an dernier) et une progression dans tous les départements XXe siècle. Le design affiche la plus forte croissance avec 40,5 millions d’euros récoltés (+ 76,4 %). La collection Jacques Grange (28,4 M€) n’y est pas étrangère. En revanche, les départements Asie, art tribal et arts décoratifs anciens enregistrent une baisse comprise entre 20 et 40 %. « Il y a un engouement de certains vendeurs étrangers qui souhaitent vendre à Paris. C’est le cas de la collection américaine Brandt, de la collection suisse Fraiberger ou encore de [ceux réunis pour] la vente intitulée “Paris-Rome” », indique Mario Tavella, P.-D.G. de Sotheby’s France.

À la 3e place, Artcurial totalise 185 millions d’euros (191,1 M€ TVA incluse), soit un léger retrait de 6 % par rapport à 2016, ce qui est peu puisque la maison de ventes ne disposait pas comme l’an passé d’une Ferrari partie à 32,1 millions d’euros. « Sans cette voiture, à paramètre comparable, nous enregistrons une hausse de 6,5 % », a tenu à préciser Nicolas Orlowski, P.-D.G. du groupe Artcurial. Aussi, le département automobiles de collection, secteur phare d’Artcurial, affiche une baisse de 25 % (60 M€). La mise en vente lors du prochain Salon Rétromobile [du 7 au 11 février] d’une Ferrari gagnante des 24 Heures du Mans (estimation 25 à 35 M€) devrait toutefois voir le chiffre remonter en 2018. Mais la maison de ventes reste à la traîne en matière d’art contemporain avec 16,5 millions d’euros récoltés (-20 %), quand ses concurrentes se rapprochent des 100 millions.

Belle remontée pour Aguttes

4e maison de ventes française pour l’année 2017, Aguttes effectue une importante remontée et gagne 4 places. Elle totalise 44 millions d’euros (+ 37 %), un montant dû notamment à Pot de fleurs ou Pivoines, vers 1930, par Sanyu, une huile sur toile adjugée 8,8 millions d’euros, soit l’enchère la plus élevée à Drouot pour 2017. Viennent ensuite les opérateurs de ventes (OVV) Millon (36,1 M€), Tajan (34,1 M€) et Piasa (33,9 M€), qui conservent leurs places en 2016 tout en stabilisant leurs produits de ventes, tandis que Cornette de Saint Cyr (30,2 M€) et Ader (28 M€) remontent d’une place, respectivement en 8e et 9e position. Fermant la marche, Pierre Bergé et associés perd 6 places, accusant une baisse de 41 % (25,7 M€), faute d’avoir bénéficié comme l’an dernier de la vente d’un cachet impérial chinois à 21 millions d’euros.

À Drouot, le chiffre d’affaires (qui ne comprend pas les « after sales », contrairement à celui des opérateurs de ventes) s’élève à 365,9 millions d’euros contre 358,9 en 2016, soit 2 % de plus. C’est la première fois depuis 2011 que l’hôtel des ventes parisien enregistre une hausse, ce en dépit de l’absence d’une enchère multimillionnaire. En revanche, 14 enchères millionnaires contre seulement 6 en 2016 ont fait la différence, avec un résultat de 35 millions d’euros.

Informations Tous les chiffres sont indiqués frais compris hors TVA, et calculés par Le Journal des Arts.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°493 du 19 janvier 2018, avec le titre suivant : Belle année pour les ventes aux enchères en france

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