Art Chicago, un positionnement plus national

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 mai 2003 - 523 mots

Pas de propagande, pas de revendications pour cette édition dont le directeur de la foire, Thomas Blackman, avoue qu’elle risque d’ailleurs d’être plus conservatrice que d’ordinaire, même si la programmation des galeries reflète toujours les réalités économiques et géopolitiques.

Cette manifestation, inaugurée en 1992, est du reste en pleine mutation depuis la création d’Art Basel Miami Beach ou encore de Scope. Et comme le faisait remarquer un organisateur de salon français, « il est incroyable de constater qu’Art Chicago est en train de devenir une foire provinciale. » Du moins nationale, pourrait-on nuancer, comprenant un petit quart de participants étrangers, pour près de la moitié en 1997, ce qui en faisait le seul salon artistique aux États-Unis avec une aussi forte présence internationale. Et si en 1999, dix-huit galeries françaises ont fait le voyage, elles ne sont plus que quatre cette année. Selon les exposants fidèles, la ville comprend néanmoins de grands collectionneurs et les conservateurs de l’ensemble du pays visitent la foire, qui demeure de très bonne qualité.

Pour preuve, on pourra admirer, parmi « les classiques » Egon Schiele chez James Goodman (New York), Jawlensky chez Peter Findlay (New York), la période figurative, qui dura une dizaine d’années, de Richard Diebenkorn chez Hackett-Freedman (San Francisco), ou encore Sam Francis chez Jonathan Novak (Los Angeles). Shirley Jaffe, artiste américaine qui vit en France depuis 1949, est présente chez Tibor de Nagy (New York). Quant à la Française Louise Bourgeois, qui réside aux États-Unis depuis 1938, elle est mise à l’honneur par la galerie Karsten Greve avec des sculptures de 2002 à la structure en acier, recouverte de tissu, dont une colonne de deux mètres de haut pouvant évoquer ses Figures de la fin des années 1940.

Parmi les plus jeunes artistes, les Super Héros de Vuk Vidor, toiles mettant en scène les principaux protagonistes des comics américains, sont chez Valérie Cueto. On remarquera encore les fleurs hyperréalistes en bois travaillé très minutieusement du Japonais Yoshihiro Suda, chez D’Amelio Terras (New York). Et, bien que la contestation ne soit pas de mise à la foire, la galerie Richard Gray (Chicago) propose une sculpture de l’Espagnol Jaume Plensa au titre suffisamment explicite War ? Why ?, de 2002. Même si cette œuvre n’est pas à mettre en relation directe avec le conflit irakien, elle a bien évidemment été mûrie par le climat préparatoire à la guerre et les événements du 11 septembre. Grégoire Maisonneuve, directeur de la jeune galerie parisienne éponyme, ne redoute pas quant à lui d’être interpellé à propos des œuvres de Rainer Ganahl. Notamment avec cette vidéo, Homeland Security, de 2003, où l’artiste fait référence au Département américain pour la sécurité du pays, récemment créé dans le but de répondre à la menace terroriste, qu’il compare à une administration policière quasi totalitaire. Un travail que ne renierait pas le cinéaste Michael Moore et qui provoquera certainement des réactions, mais pourra servir, selon le galeriste, à désactiver les a priori des deux côtés de l’Atlantique et, pourquoi pas, à faire un premier pas vers le renouement du dialogue franco-américain.

CHICAGO, Art Chicago, Navy Pier's Festival Hall, tél. 312 587 3300, 9-12 mai.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°547 du 1 mai 2003, avec le titre suivant : Art Chicago, un positionnement plus national

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