La foire belge n’a pas ménagé sa peine quant à la qualité et à la variété des propositions, mais l’intérêt des collectionneurs est resté globalement modéré.
Bruxelles. L’atmosphère était pétillante le jour du vernissage d’Art Brussels où le champagne était offert aux VIP dès 11 heures du matin, dans un tintinnabulement de chariots ambulants. Difficile de ne pas céder à la bonne humeur locale, d’autant que la qualité semblait au rendez-vous de cette 41e édition – qui s’est tenue du 24-27 avril –, ouverte à l’international. Outre la présence pour la première fois de la new-yorkaise Van de Weghe, un peu seule dans son rôle de grande galerie américaine, la sélection, qui réunissait 165 galeries provenant de 35 pays, comptait, en plus des prévisibles contingents français et allemand, plusieurs galeries du sud de l’Europe, en particulier du Portugal. La foire se voulait visiblement contemporaine et variée dans ses propositions, ayant encouragé, à côté des accrochages collectifs, des mini-solos dignes d’intérêt. Tel ce focus sur les grandes toiles végétales de Marinette Cueco mises en vente pour la première fois chez Ceysson & Bénétière ; dimanche matin, deux d’entre elles étaient vendues et une troisième, réservée (40 000-45 000 €). Non loin, on pouvait aussi s’attarder devant un autel dédié, sur le stand de la Galerie Lelong & Co., aux dessins et sculptures de David Nash, artiste anglais apprécié des Belges – plusieurs ventes se sont d’ailleurs déclenchées le premier jour. Spectaculaire dans ses tonalités aquatiques, le stand consacré à Julien Creuzet par Mendes Wood DM se remarquait de loin, tandis que Sorry We Are Closed, qui jouait à domicile, a également créé la sensation, bien que de façon plus sobre, avec un surgissement de socles blancs surmontés de céramiques de l’artiste paraguayenne Julia Isídrez dont le bestiaire évocateur avait été remarqué dans l’exposition internationale de la 60e Biennale de Venise en 2024.
Art Brussels fait en sorte de rester ouverte aux jeunes structures à travers sa section « Invited », mais aussi « Discovery ». Romero Paprocki (Paris) y prenait part pour la première fois avec des peintures abstraites de l’artiste d’origine taïwanaise Kaï-Chun Chang (entre 5 000 et 15 000 €) qui ont trouvé preneur auprès de collectionneurs basés en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas et en Autriche. Toujours sur la section « Discovery », la galerie Office Impart (Berlin), qui mettait en avant les images numériques de Salomé Chatriot et les photographies de Pola Sieverding, affirmait avoir réalisé quelques ventes et noué de nouveaux contacts « avec des collectionneurs, des institutions et des conservateurs ». C’était pour nombre d’exposants le bénéfice essentiel de la foire.
Accueillante avec ses halls volumineux, une lumière du jour occultée et ses stands spacieux, Art Brussels séduit par des détails appréciables, tel son restaurant épatant de fraîcheur façon buffet de palace, dont ses consœurs parisiennes feraient bien de s’inspirer. Ce confort permettait, sinon de faire oublier, du moins de relativiser la morosité du marché. « Les relations se construisent sur le long terme. Nous travaillons pour aujourd’hui comme pour demain », tempérait ainsi Vincent Sator (Romainville), venu avec entre autres des peintures de Djabril Boukhenaïssi et de Pu Yingwei. Reste que « le rapport efforts/coûts contre recettes » était jugé insatisfaisant par plusieurs participants, à l’exemple de la zürichoise Annex14. Elle regrettait par ailleurs que la fréquentation soit « de plus en plus régionale » et s’apprêtait à remballer les grands caissons lumineux du jeune Français Andréa Spartà, tout en se consolant avec la vente d’une grande œuvre de Nyakallo Maleke, associant pastel, fil cousu et fusain. Globalement, les transactions qui nous ont été rapportées concernent une fourchette de prix basse. « Nous avons vendu quasiment toutes les peintures d’Adrien Couvrat accrochées sur le stand et en réserve (autour de 10 000 € les formats moyens) », se félicitait pour sa part Florent Maubert (Paris).
Pour les nouvelles venues dans la section principale, comme Carvalho Park (New York), qui avait notamment produit une théâtrale installation textile de Diana Orving, la participation à la foire fut une leçon de patience. « Une jeune galerie internationale ne peut pas s’attendre à débarquer dans un nouveau paysage de collectionneurs, surtout dans un marché calme, et espérer un résultat commercial significatif », résumait avec sagesse Jennifer Carvalho, sa fondatrice. Quant aux habitués de la foire, ils ne peuvent pas ne pas se poser de questions. « Pour l’instant, il n’est pas question de remettre en cause notre participation à Art Brussels, estimait Michel Rein. Nous y participons depuis 2007, bien avant d’ouvrir à Bruxelles, en 2013. » Reste que le galeriste s’interrogeait, au-delà de la contraction du marché, sur les « nouveaux comportements des collectionneurs ».
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À Art Brussels, surtout des contacts prometteurs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°655 du 9 mai 2025, avec le titre suivant : À Art Brussels, surtout des contacts prometteurs





