Du 19 au 22 juin, la foire d’art contemporain bâloise garde le cap alors que le marché est en berne. Pour conjurer cette morosité, les exposants proposent des œuvres audacieuses mais aussi des valeurs sûres.
Les amateurs d’art et les collectionneurs attendent ce rendez-vous immuable du mois de juin qui tente à chaque fois de se réinventer. L’édition 2025 d’Art Basel, qui réunit près de 300 galeries venues du monde entier, accueille ses visiteurs avec une peinture monumentale de Katharina Grosse dont les couleurs font vibrer la Messeplatz. Il fallait bien un tel déploiement chromatique pour tenter d’oublier le contexte international, peu réjouissant. Cinq ans après la pandémie de Covid-19, la situation géopolitique est dominée par les conflits, l’économie mondiale en berne et le marché de l’art à la baisse pour la deuxième année consécutive, selon le rapport annuel UBS-Art Basel. La foire suisse entend cependant tenir le choc et on retrouve dans ses allées les fidèles : les méga-galeries comme Almine Rech, Hauser & Wirth, Gagosian, Perrotin, Zwirner et les enseignes de premier plan, essentiellement installées en Europe et aux États-Unis, même si les exposants viennent de plus de 40 pays. Dix-neuf galeries participent pour la première fois, dont trois, Arcadia Missa (Londres), François Ghebaly (Los Angeles, New York) et Prats Nogueras Blanchard (Madrid, Barcelone) entrent directement dans le secteur principal « Galleries ». Les autres figurent dans les secteurs « Feature », consacré aux projets historiques, et « Statements », qui promeut les artistes émergents. Comme toujours, c’est dans les travées éloignées du centre et à l’étage que l’on pourra voir des accrochages inattendus, par exemple celui de The Third Gallery Aya (Osaka), qui montre les tirages vintages et les collages de trois pionnières japonaises de la photographie. Art Basel doit aussi composer avec une nouvelle concurrente, sa petite sœur Art Basel Paris désormais installée en majesté au Grand Palais. Pour se démarquer de cette voisine ambitieuse, la foire bâloise a quelques atouts, notamment sa spectaculaire section « Unlimited » qui compte cette année encore 70 œuvres monumentales. Cette édition 2025 introduit égale-ment un nouveau secteur, « Premiere », rassemblant dix galeries présentant des œuvres « audacieuses et avant-gardistes produites ces cinq dernières années ». Une initiative qui signale en creux qu’en dehors de ce périmètre, la foire entend avant tout consolider son positionnement en réunissant des galeries qui ont à cœur de présenter des valeurs sûres.
Si l’on reconnaît au premier coup d’œil les tableaux issus de sa fameuse méthode de pliage, voici une œuvre des débuts de Simon Hantaï (1922-2008) qui surprendra certains connaisseurs. Le peintre connu pour sa contribution majeure à l’art abstrait du XXe siècle est ici encore influencé par le surréalisme et le concept d’automatisme psychique, dont il va bientôt s’éloigner.
Galerie Christophe Gaillard,
5, rue Chapon, Paris-3e, et Quai du Commerce, 50, Bruxelles (Belgique), www.galeriegaillard.com
Nouvelle venue sur le secteur « Statement », la galerie polonaise présente l’artiste émergente Sana Shahmuradova Tanska (née en 1996), à travers un corpus de peintures et de sculptures. Une très grande installation picturale composée de dix panneaux, caractérisée par des lignes organiques fluides et une peinture à l’huile lumineuse, évoque notamment les visions oniriques de l’artiste ukrainienne, refuge face à la réalité.
Gunia Nowik Gallery,
Bracka, 20 a, Varsovie (Pologne), www.gunianowikgallery.com
La galerie Le Minotaure propose un projet autour du constructivisme avec un focus sur l’œuvre de László Moholy-Nagy (1895-1946), à travers 7 pièces représentatives de son travail à la pointe de l’abstraction. Issue de la période de Chicago, CH Space 6 (1941) témoigne de ses expérimentations sur la lumière, la transparence, l’espace et le mouvement.
Le Minotaure,
2, rue des Beaux-Arts et 23, rue de Seine, Paris-6e, www. galerieleminotaure.net
La galerie allemande présente un solo de la sculptrice Lin May Saeed (1973-2023). D’origine irakienne, celle-ci s’est consacrée pendant sa trop brève carrière, à travers son art, à la cause animale. L’accrochage met en lumière son utilisation originale des formes et des matériaux – tel que le polystyrène, en référence à la pollution de l’environnement – et ses sujets de prédilection, comme la responsabilité écologique.
Galerie Jacky Strenz,
Kurt-Schumacher-Str., 2, Francfort-sur-le-Main (Allemagne), www.jackystrenz.com
La galerie Prats Nogueras Blanchard fait partie des trois nouveaux exposants présents dans le secteur principal de la foire. Autour de la notion de « nature habitée », son stand comporte notamment une sélection de photographies d’Ana Mendieta (1948-1985) qui a établi sa propre synthèse entre le Body et le Land Art, et dont les thèmes de travail, tels que l’exil et le déplacement, restent d’actualité.
Prats Nogueras Blanchard,
Beneficencia, 18 B, Madrid, et Méndes Núñez, 14, Barcelone (Espagne), www.pratsnoguerasblanchard.com
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Art Basel, un phare pour le marché de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°786 du 1 juin 2025, avec le titre suivant : Art Basel, un phare pour le marché de l’art