Art Basel Miami, sous le soleil exactement

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 décembre 2004 - 686 mots

Autopromue meilleure foire américaine après deux éditions, Art Basel Miami marie le purisme sélectif d’Art Basel au glamour de la Floride. Bien plus coûteuse que celle de Bâle, Art Basel Miami pourrait bien être rentable cette année.

La foire de Miami a adopté d’emblée un ton plus jeune et fashion que la foire mère. Pour éviter que la toute jeune création ne soit entièrement absorbée par les foires off de Scope, un brin déclinante, et Nada Art Fair, lancée avec succès l’an dernier, elle se doit de loger les jeunes galeries à de meilleures enseignes. La section « Art Nova » ouverte aux très jeunes galeries accueille vingt jeunes exposants contre treize l’an dernier. « Art Position » posté dans des containers sur la plage, a déjà conquis Air de Paris, qui y participe depuis la première édition. Elle sera rejointe cette année par Kamel Mennour et le projet Hallal de Kader Attia, ainsi que la galerie Les Filles du Calvaire. Celle-ci amène un joker de taille, Hans Op de Beeck, jeune artiste belge dont le grand Restoroute avait été l’une des attractions d’Art Basel en juin dernier. Même si elle ouvre largement ses vannes aux jeunes galeries, Art Basel Miami ne se positionne pas directement sur le même terrain que l’Armory Show, Frieze ou Art Forum puisqu’elle compte un solide quota d’enseignes modernes.

De nombreux à-côtés
Ce segment du marché reste toutefois isolé au sein de la foire qui semble céder d’année en année à un certain jeunisme. La raréfaction actuelle ne permet pas à une galerie, aussi nantie soit-elle, de participer à deux grandes foires par an sans céder à des redites. « On se limite à une vingtaine de galeries modernes à Miami. Ça ne sert à rien de les amener toutes car si elles ne font pas assez de chiffre d’affaires, elles ne reviendront pas. La foire ne peut pas grossir trop vite », rappelle le directeur d’Art Basel, Samuel Keller. Tout comme à Bâle, la foire doit aussi composer avec un petit régiment de galeries locales, nécessaires pour jouer l’interface avec la communauté locale. « On n’aurait jamais l’idée de faire de compromis dans le choix des galeries d’Art Basel Miami, en se disant qu’untel connaît des gens d’Hollywood », défend toutefois Samuel Keller.
Si chaque année compte son lot de nouvelles galeries, les vraies innovations concernent les nombreux à-côtés de la foire. Un tout nouveau Art sound lounge, une nuit de films, des balades en bateau pour VIP, des découvertes de collection rythment le séjour des grands collectionneurs. L’accent sera aussi gastronomique, avec une collaboration entre artistes et grands chefs. Le bréviaire de ces réjouissances donne à la manifestation l’image d’un parc d’attractions sophistiqué pour adultes fortunés ! Autant de menus plaisirs qui pourraient distraire les acheteurs du droit chemin de la foire. « Les attractions ont lieu toujours en dehors des heures d’ouverture de la foire », précise Samuel Keller.
Pour les galeries européennes, le choix entre Art Basel Miami et l’Armory Show est difficile. Bien que la foire new-yorkaise soit souvent critiquée pour son aspect brouillon, on y trouve actuellement le même nombre de galeries françaises de part et d’autre, certains, comme Yvon Lambert, Emmanuel Perrotin et Anne de Villepoix, jouant même le pari du doublon. Emmanuel Perrotin profitera de la foire pour annoncer l’ouverture de sa nouvelle galerie de Miami, 1 400 m2 situés à proximité de la maison des Rubell, puissants collectionneurs locaux. « Si j’ouvre une galerie à New York, je ne serai qu’une énième enseigne de plus. Miami a un potentiel incroyable, la ville attend 5 millions de nouveaux habitants dans les années à venir », rappelle le jeune galeriste. Un pouvoir d’aimantation qui se mesure au nombre de galeries venant se greffer chaque année à Miami. Comme Art Basel, celle de Miami bénéficie d’ailleurs du soutien inconditionnel de la municipalité qui voit dans cette manifestation une occasion de raviver le lustre de cette ville au parfum de soufre. Désormais les clichés de série B semblent caducs.

Art Basel Miami Beach, du 2 au 5 décembre, Rens. 00 41 58 206 26 86. www.art.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°564 du 1 décembre 2004, avec le titre suivant : Art Basel Miami, sous le soleil exactement

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