Galerie

Adriano Ribolzi, galeriste : « J’ai encore beaucoup de rêves »

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 2 mars 2021 - 607 mots

À l’occasion des 100 ans de sa galerie, le marchand monégasque Adriano Ribolzi revient sur l’histoire de la maison et le chemin parcouru, au gré des évolutions du marché.

Comment avez-vous fêté les 100 ans de la Galerie Adriano Ribolzi ?

En 1970, pour les 50 ans de la galerie de Lugano, fondée par mon père en 1920, nous avions organisé un dîner le 4 décembre, à la date exacte de l’ouverture de la galerie. Je voulais faire de même pour les 100 ans, dans ma galerie de Monaco (ouverte en 1974). Pour l’occasion, j’ai organisé un solo show de l’artiste uruguayen Pablo Atchugarry (né en 1954). Entre-temps le Covid est arrivé, mais j’ai quand même lancé mon exposition en décembre, avec trente-quatre œuvres, et les gens sont venus !

Spécialisée dans le mobilier et les objets d’art, la galerie s’est ensuite ouverte à d’autres spécialités, pourquoi ?

À 17 ans, mon père, Annibale Ribolzi, a effectué seul un voyage à Lyon, passionné par le mobilier français. Contraint de rentrer dans son pays à cause de la guerre, il est retourné dans sa ville natale de Lugano et y a fondé sa galerie. Il y exposait de la grande décoration. Rapidement, elle est devenue une galerie d’art classique du XVIIIe français. Mon père était un visionnaire. Quand j’ai eu 17 ans à mon tour, il m’a envoyé faire mes études à Zurich à la Kunstgewerbeschule, une école basée sur le Bauhaus. J’ai donc reçu une formation d’art moderne. Mais, par respect pour mon père et aussi par passion, j’ai continué le commerce d’antiquités lorsque j’ai repris la galerie dans les années 1960. En 1974, j’ai quitté la Suisse pour m’établir à Monaco.

Pourquoi vous établir à Monaco et non pas à Paris ?

Je me suis installé à Monaco car j’ai voulu donner une dimension internationale à la galerie. Quand je leur disais que je voulais déménager, les gens me disaient : « Alors, tu vas à Paris ? » Mais, pour moi, c’était trop évident. Et puis je connaissais Monaco, j’y allais souvent, notamment pour le Grand Prix. Alors, j’ai décidé d’y ouvrir ma galerie. Et, finalement, j’ai fait le bon choix, car l’année suivante, en 1975, Sotheby’s y a organisé de très grandes ventes ; Christie’s a suivi.

Quel regard portez-vous sur l’évolution du marché des antiquités ?

Quand j’ai commencé, c’était l’âge d’or du marché, les galeries travaillaient beaucoup. À l’époque, tout le monde se meublait avec du mobilier ancien et accrochait de la peinture ancienne. Le secteur était florissant, et ceux qui vivaient de cela achetaient des objets d’art…Et puis le marché s’est dégradé, il y a environ une dizaine d’années. En fait, ce sont surtout les enfants des grands collectionneurs qui n’aimaient plus ce type d’objets, ils n’avaient pas les goûts de leurs parents, ce qui les a découragé d’acheter. Eux voulaient quelque chose de nouveau et se sont tournés vers l’art moderne. C’est pourquoi j’ai ouvert une nouvelle section dans ma galerie, consacrée à cet art, en 2009. Le marché des antiquités souffre. Il n’y a qu’à voir les ventes aux enchères, qui sont un véritable baromètre.

Le marché souffre-t-il de la crise sanitaire ?

Oui, bien sûr, car les collectionneurs circulent moins. Surtout, ils doivent se sentir dans une atmosphère positive pour acheter. Si le futur est sombre, ils sortent moins et ont moins envie d’acheter. En même temps, je pense que, quand les choses s’amélioreront, les gens auront envie de rattraper ce qu’ils n’ont pas pu faire pendant cette terrible période, et le marché reprendra. Moi, j’ai encore beaucoup de rêves, mais j’attends de voir comment la situation va évoluer.
 

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°742 du 1 mars 2021, avec le titre suivant : Adriano Ribolzi, galeriste : « J’ai encore beaucoup de rêves »

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