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Les mausolées et la mosquée de Tombouctou pris pour cible par les rebelles islamistes

Par Lucile Pages · lejournaldesarts.fr

Le 3 juillet 2012 - 531 mots

BAMAKO (MALI) [03.07.12] – Le groupe armé Ansar Dine a détruit le week-end du 30 juin sept mausolées de Tombouctou. Malgré les appels du gouvernement malien et de la communauté internationale, les exactions ont repris lundi matin, avec la destruction de la porte d’une des trois mosquées de Tombouctou, toutes classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’un des groupes islamistes armée de la rébellion du nord du Mali, Ansar Dine, a entrepris la démolition des sites sacrés de Tombouctou, ville classée patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1988. Les destructions ont commencé samedi, avec trois mausolées sur les seize que compte la ville. Ils étaient des composantes essentielles du système religieux dans la mesure où ils abritaient des saints musulmans, protecteurs de la ville.

Un porte-parole d’Ansar Dine a rapporté à l’AFP samedi vouloir détruire tous les mausolées de la ville « sans exception ». Il a précisé qu’ils n’hésiteraient pas non plus à s’en prendre aux mosquées. Dimanche les exactions ont repris, quatre autres tombes ont été détruites à coups de houes et de burin. Lundi matin la grande porte d’entrée sacrée (côté sud) de la mosquée Sidi Yeyia de Tombouctou a été défoncée. C’est l’une des trois mosquées de la ville, toutes classées patrimoine mondial de l’UNESCO. Les islamistes auraient voulu prouver que l’ouverture de la porte ne provoquerait pas la fin du monde, comme le craint la coutume locale, a rapporté un témoin à l’AFP.

La procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou Bensouda a qualifié ces destructions de « crimes de guerre » et menacé les auteurs de poursuites.

Le groupe armé semble répondre à la décision de l’UNESCO du 28 juin dernier, qui a classé Tombouctou sur la liste du patrimoine mondial en péril. « Dieu, il est unique. Tout ça, c'est "haram" (interdit en islam) » a déclaré le porte-parole du groupe à l’AFP. Les destructions restent cependant injustifiées. Un expert malien originaire de la ville a expliqué à l’AFP que ces islamistes « prétendent défendre un certain islam qui n'est pas celui, ouvert, tolérant, chez nous. Ils ont horreur de tout ce qui a un lien avec le passé ». « Chez nous, il y a une très grande place donnée aux érudits, aux saints. Eux, ils n'ont pas cette façon de faire » a-t-il ajouté.

Depuis samedi, ce sont tour à tour la France, l’ONU, le Maroc, l’Algérie, l’UNESCO et l’OCI (l’Organisation de coopération islamique) qui ont condamné la destruction du patrimoine malien. La ministre des Arts du Tourisme et de la Culture malienne, Fadima Diallo, a appelé les Nations Unis à prendre des mesures concrètes, lors d’une réunion de l’UNESCO à Saint-Pétersbourg. Lundi, le ministre malien des Affaires étrangères Sadio Lamine Sow et son homologue algérien Mourad Medelci, en entretien à Alger depuis dimanche soir, ont décidé de privilégier la diplomatie pour régler la crise du Mali. Après avoir fait le point sur les efforts de l'Union africaine, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédeao) et les pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie), ils tentent de trouver une solution politique qui préserve l'unité nationale et l'intégrité territoriale du Mali face à la crise qu’il traverse, a rapporté l’AFP.

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Cour de la mosquée de Djingareiber - Tombouctou - © Photo KaTeznik - 2005 - Licence CC BY-SA 2.0

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