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Singapour se dote d’une zone franche

Par Regina Baxter · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2010 - 655 mots

SINGAPOUR

Le nouveau port franc de Singapour se pose en sérieux rival de Genève, dont la suprématie a été fragilisée par de nouvelles législations suisses

SINGAPOUR - La République de Singapour est en passe de devenir un centre névralgique de la scène artistique internationale. La cité-État vient d’inaugurer une nouvelle zone franche dotée d’un entrepôt hautement sécurisé et de la technologie dernier cri. Surnommé « le coffre idéal », il a coûté 60,9 millions de dollars (42,5 millions d’euros). Ce complexe va rivaliser avec le port franc de Genève, en Suisse, dont le statut légal a été modifié en mai 2009. Il fait depuis l’objet d’une surveillance et de règles plus strictes.

La première portion du projet, tout juste opérationnelle, se situe sur l’aéroport de Changi et offre plus de 22 500 mètres carrés d’espace de réserves, soit l’équivalent de trois terrains de football. Des entrepôts ont déjà été réservés par des multinationales, des institutions souveraines et des banques internationales qui veulent y entreposer des lingots d’or, mais surtout Christie’s qui s’est offert 40 % de l’espace disponible.

La deuxième portion fournira plus de 25 000 mètres carrés supplémentaires en 2014 – le projet a été conçu et élaboré par les architectes suisses de l’agence 3BM3, en collaboration avec les designers Johanna Grawunder et Ron Arad. Toute une gamme de services, facilitant le transport, l’entreposage, les expositions et le commerce, sont proposés. Le statut de zone franche implique que les clients ne paient taxes et droits de douanes sur leurs collections qu’à leur entrée dans le pays de leur destination finale. Bien sûr, tous les échanges et transactions dans la zone sont placés sous le sceau de la plus grande confidentialité.

Le complexe singapourien entend fournir un niveau de sécurité à toute épreuve, une confidentialité des plus strictes et un environnement stable à long terme. Les bâtiments sont dotés de murs blindés et de chambres fortes, d’un système de détection au laser, d’une surveillance électronique du personnel, des clients et des biens conservés, sans oublier la présence d’auxiliaires de police armés. Des bâtiments spécialement équipés sont réservés pour l’entreposage des bijoux, des antiquités, des automobiles de collection, des vins, des cigares, des tapis et des archives.

Le cofondateur du projet, Alain Vandenborre, président de la société suisse Natural Le Coultre spécialisée dans l’entreposage et le transport d’œuvres d’art, précise : « Le marché international attendait avec impatience l’achèvement de ce complexe à la fort Knox. Pour ce qui concerne la première phase du projet, nous affichons quasiment complet, et des options sont déjà prises pour la seconde phase. » Il ajoute : « Ce complexe attirera très certainement nombre de familles aisées à Singapour ainsi que les foires d’art régionales à la recherche d’un complexe d’entreposage de haute sécurité. » Naturel Le Coultre est copropriétaire du port franc avec le Comité national du patrimoine et le Conseil national des arts de Singapour. Les opérations bénéficient du soutien du Comité pour le développement économique, ainsi que des services des douanes, de la police et des autorités de l’aviation civile.

Le port franc de Singapour prendra sans doute une partie de la clientèle de celui de Genève. La signature par la Suisse d’une convention de l’Unesco sur la propriété culturelle a entraîné l’introduction de lois renforcées, provoquant des contrôles plus stricts. La pression exercée par l’Union européenne sur les autorités helvétiques pour révéler des informations confidentielles sur les collections entreposées dans ses chambres fortes pousse les clients à chercher des sites alternatifs. « L’envolée de l’art asiatique et l’apparition d’un ensemble de collectionneurs asiatiques ont généré de nouvelles opportunités pour les sociétés de services spécialisées en entreposage d’œuvres d’art, soutient Andrew Foster, qui vient de quitter la présidence de Christie’s Asie. Singapour est en bonne place pour capitaliser sur de telles opportunités grâce à sa position stratégique et sa connectivité, sa réputation de centre de gestion des richesses et sa scène artistique et culturelle toujours plus dynamique. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°317 du 22 janvier 2010, avec le titre suivant : Singapour se dote d’une zone franche

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